Les communs sont difficiles à définir et pourtant ils représentent une forme universelle et intemporelle d'organisation sociale caractérisée, en résumé, par la gestion collective et l'accès équitable aux terres et aux ressources naturelles. À notre époque marquée par l’hypercapitalisme mondialisé et une spéculation effrénée sur des actifs de plus en plus virtuels, il n'est pas étonnant que les communs incarnent un retour à la terre et à la matière : ils représentent le désir d’une alternative à l'individualisme ainsi qu’une éthique utopique du changement. De nos jours, la notion de communs est devenue un symbole omniprésent d’autogestion, un rempart idéologique contre les excès du néolibéralisme et la marchandisation rampante de la terre et de nos vies. Les communs nous donnent l'espoir que le capitalisme n'est pas une fatalité universelle, que d'autres modes d'existence et visions du monde ont existé et existent encore, et que celles-ci peuvent nous réapprendre comment partager collectivement et équitablement les responsabilités, connaissances et ressources vitales qui nous entourent de manière durable. Cela reste possible même dans notre monde moderne, où la philosophie des communs a par exemple permis à internet de devenir un terrain d’expérimentation pour la gouvernance décentralisée et le partage en open-source de ressources (numériques).
Ces dernières années, de plus en plus d'artistes et de producteurs·trices dans le monde culturel se réapproprient le thème des communs à la fois comme cadre thématique et comme méthode de travail visant à promouvoir un rapport plus durable au concept de valeur et aux ressources. Pour son cycle inaugural, Boca A Boca a invité les curatrices Alejandra Monteverde et Thamyres Matarozzi à éditer une série de contributions multimédia s'intéressant à cette notion et spéculant sur ses possibles applications contemporaines dans la culture et au-delà. Elles ont décidé de répondre à notre invitation non pas par une discussion théorique sur le sujet, mais plutôt par la mise en œuvre et la présentation de formes exemplaires de création collective. Ce choix permet de cultiver une réflexion manifeste sur le rôle de l'art et de la culture à travers l'expérimentation et la proposition de modèles alternatifs de gestion des ressources et de partage des connaissances. En particulier, le cycle d'Alejandra et Thamyres se concentre sur la mémoire. Comment se souvenir d’ingrédients et histoires perdus grâce à la cuisine ? Comment préserver la mémoire collective d'un paysage disparu à travers un projet culturel original ? Et surtout, comment se réapproprier et mettre en œuvre la tradition séculaire des communs dans et pour notre réalité contemporaine ? Mises en valeur par les illustrations de Pierina Másquez qui ponctuent chaque contribution, ces histoires distinctes sont réunies dans un cycle cohérent qui fait écho au caractère cyclique de Boca A Boca ainsi qu'à notre aspiration fondatrice à promouvoir les échanges horizontaux et l'action collaborative.
L'équipe Boca A Boca
Les communs sont difficiles à définir et pourtant ils représentent une forme universelle et intemporelle d'organisation sociale caractérisée, en résumé, par la gestion collective et l'accès équitable aux terres et aux ressources naturelles. À notre époque marquée par l’hypercapitalisme mondialisé et une spéculation effrénée sur des actifs de plus en plus virtuels, il n'est pas étonnant que les communs incarnent un retour à la terre et à la matière : ils représentent le désir d’une alternative à l'individualisme ainsi qu’une éthique utopique du changement. De nos jours, la notion de communs est devenue un symbole omniprésent d’autogestion, un rempart idéologique contre les excès du néolibéralisme et la marchandisation rampante de la terre et de nos vies. Les communs nous donnent l'espoir que le capitalisme n'est pas une fatalité universelle, que d'autres modes d'existence et visions du monde ont existé et existent encore, et que celles-ci peuvent nous réapprendre comment partager collectivement et équitablement les responsabilités, connaissances et ressources vitales qui nous entourent de manière durable. Cela reste possible même dans notre monde moderne, où la philosophie des communs a par exemple permis à internet de devenir un terrain d’expérimentation pour la gouvernance décentralisée et le partage en open-source de ressources (numériques).
Ces dernières années, de plus en plus d'artistes et de producteurs·trices dans le monde culturel se réapproprient le thème des communs à la fois comme cadre thématique et comme méthode de travail visant à promouvoir un rapport plus durable au concept de valeur et aux ressources. Pour son cycle inaugural, Boca A Boca a invité les curatrices Alejandra Monteverde et Thamyres Matarozzi à éditer une série de contributions multimédia s'intéressant à cette notion et spéculant sur ses possibles applications contemporaines dans la culture et au-delà. Elles ont décidé de répondre à notre invitation non pas par une discussion théorique sur le sujet, mais plutôt par la mise en œuvre et la présentation de formes exemplaires de création collective. Ce choix permet de cultiver une réflexion manifeste sur le rôle de l'art et de la culture à travers l'expérimentation et la proposition de modèles alternatifs de gestion des ressources et de partage des connaissances. En particulier, le cycle d'Alejandra et Thamyres se concentre sur la mémoire. Comment se souvenir d’ingrédients et histoires perdus grâce à la cuisine ? Comment préserver la mémoire collective d'un paysage disparu à travers un projet culturel original ? Et surtout, comment se réapproprier et mettre en œuvre la tradition séculaire des communs dans et pour notre réalité contemporaine ? Mises en valeur par les illustrations de Pierina Másquez qui ponctuent chaque contribution, ces histoires distinctes sont réunies dans un cycle cohérent qui fait écho au caractère cyclique de Boca A Boca ainsi qu'à notre aspiration fondatrice à promouvoir les échanges horizontaux et l'action collaborative.
L'équipe Boca A Boca
Il est nécessaire de prendre en compte la dimension temporelle lorsque l’on pense au concept des communs. Utiliser les communs comme un outil de réflexion peut encourager un puissant contre-mouvement avec un potentiel de transformation radical. Mais les pratiques de partage et mise en commun prennent du temps à se développer, alors que nous vivons dans une société au rythme frénétique et marquée par la précarité des échanges. Nous sommes constamment mus par la recherche de confort ainsi que le pragmatisme et prenons peu part aux décisions supérieures qui déterminent notre propre vie. Notre rapport aux ressources naturelles disponibles est basé sur l’exploitation et nos actions sont de plus en plus déconnectées des savoirs ancestraux et naturels. Nous avons oublié l'importance du caractère cyclique de l'existence. La nécessité d'une régénération périodique du temps se retrouve dans la répétition des rituels et des cérémonies qui sauvegardent les cultures et les traditions locales. Une existence cyclique ne veut pas seulement dire « être avec le temps », mais aussi s'engager activement dans de nouvelles approches de la vie et de l'expérience de la réalité.
L’aspect cyclique se matérialise de la manière la plus visible dans la nourriture. La nourriture fait partie des nombreuses dimensions de la vie ; elle est l'un des principaux éléments qui façonnent notre identité et notre relation au monde. La nourriture n'est pas seulement une substance centrale pour l'existence humaine : manger est aussi une expérience sensorielle et émotionnelle qui façonne notre mémoire collective. La nourriture offre la possibilité de favoriser la communication entre des individus de différentes réalités en rapprochant des personnes autour d'une table et en partageant des expériences qui permettent de créer un terrain fertile pour la création, la reconstitution et la réappropriation d'histoires sur la nourriture ; des histoires qui sont transmises de génération en génération et qui contiennent des secrets et des mystères tout en nous enseignant l'art de se nourrir et la poétique de l'alimentation, afin de créer des récits sociaux communs.
Cette histoire commence par un menu de cinq plats préparés dans le Minas Gerais, au Brésil. Chaque ingrédient est une substance qui condense le savoir dans sa forme et texture matérielle. Les histoires créées autour de chaque recette nous montrent la possibilité de faire l'expérience de la nourriture à travers des sens autres que le goût. Elles introduisent de nouvelles façons de percevoir la nourriture qui ne sont pas guidées par une logique menaçant la société et l’environnement, et qui sont basées sur l'importance de sa nature cyclique et des savoirs oubliés.
(Audio en anglais)
Un musée nomade construit à l’image d'une ferme abandonnée à Leidsche Rijn, aux Pays-Bas, sur un vieux vélo cargo a mené à des activités qui ont ouvert de nouveaux espaces d'échange, d'apprentissage et de désapprentissage. Cette pratique artistique réexamine l'idée de partage en rassemblant les personnes et en encourageant la convivialité ; elle permet la création de réseaux sur la base de valeurs communes, encourage une meilleure compréhension des connaissances agricoles en créant un rapport avec la terre et façonne de nouvelles manières d'être ensemble.
(Audio en anglais)
Réalisés dans la ville de Lima, au Pérou, les dessins au graphite sur papier présentés sur la plateforme fonctionnent comme des traductions visuelles des récits créés autour de chaque plat et des idées discutées dans cet éditorial. Une série de questions a également été illustrée, introduisant des dialogues audio sur les biens communs, le mode d’existence cyclique et l'importance de repenser les formes de coexistence. Dans cet exercice de partage des connaissances et des préoccupations sur ce qui doit être restauré dans le monde, les séries de dessins deviennent des manifestations symboliques afin d’imaginer un avenir différent.
Alejandra Monteverde et Thamyres Matarozzi
Il est nécessaire de prendre en compte la dimension temporelle lorsque l’on pense au concept des communs. Utiliser les communs comme un outil de réflexion peut encourager un puissant contre-mouvement avec un potentiel de transformation radical. Mais les pratiques de partage et mise en commun prennent du temps à se développer, alors que nous vivons dans une société au rythme frénétique et marquée par la précarité des échanges. Nous sommes constamment mus par la recherche de confort ainsi que le pragmatisme et prenons peu part aux décisions supérieures qui déterminent notre propre vie. Notre rapport aux ressources naturelles disponibles est basé sur l’exploitation et nos actions sont de plus en plus déconnectées des savoirs ancestraux et naturels. Nous avons oublié l'importance du caractère cyclique de l'existence. La nécessité d'une régénération périodique du temps se retrouve dans la répétition des rituels et des cérémonies qui sauvegardent les cultures et les traditions locales. Une existence cyclique ne veut pas seulement dire « être avec le temps », mais aussi s'engager activement dans de nouvelles approches de la vie et de l'expérience de la réalité.
L’aspect cyclique se matérialise de la manière la plus visible dans la nourriture. La nourriture fait partie des nombreuses dimensions de la vie ; elle est l'un des principaux éléments qui façonnent notre identité et notre relation au monde. La nourriture n'est pas seulement une substance centrale pour l'existence humaine : manger est aussi une expérience sensorielle et émotionnelle qui façonne notre mémoire collective. La nourriture offre la possibilité de favoriser la communication entre des individus de différentes réalités en rapprochant des personnes autour d'une table et en partageant des expériences qui permettent de créer un terrain fertile pour la création, la reconstitution et la réappropriation d'histoires sur la nourriture ; des histoires qui sont transmises de génération en génération et qui contiennent des secrets et des mystères tout en nous enseignant l'art de se nourrir et la poétique de l'alimentation, afin de créer des récits sociaux communs.
Cette histoire commence par un menu de cinq plats préparés dans le Minas Gerais, au Brésil. Chaque ingrédient est une substance qui condense le savoir dans sa forme et texture matérielle. Les histoires créées autour de chaque recette nous montrent la possibilité de faire l'expérience de la nourriture à travers des sens autres que le goût. Elles introduisent de nouvelles façons de percevoir la nourriture qui ne sont pas guidées par une logique menaçant la société et l’environnement, et qui sont basées sur l'importance de sa nature cyclique et des savoirs oubliés.
(Audio en anglais)
Un musée nomade construit à l’image d'une ferme abandonnée à Leidsche Rijn, aux Pays-Bas, sur un vieux vélo cargo a mené à des activités qui ont ouvert de nouveaux espaces d'échange, d'apprentissage et de désapprentissage. Cette pratique artistique réexamine l'idée de partage en rassemblant les personnes et en encourageant la convivialité ; elle permet la création de réseaux sur la base de valeurs communes, encourage une meilleure compréhension des connaissances agricoles en créant un rapport avec la terre et façonne de nouvelles manières d'être ensemble.
(Audio en anglais)
Réalisés dans la ville de Lima, au Pérou, les dessins au graphite sur papier présentés sur la plateforme fonctionnent comme des traductions visuelles des récits créés autour de chaque plat et des idées discutées dans cet éditorial. Une série de questions a également été illustrée, introduisant des dialogues audio sur les biens communs, le mode d’existence cyclique et l'importance de repenser les formes de coexistence. Dans cet exercice de partage des connaissances et des préoccupations sur ce qui doit être restauré dans le monde, les séries de dessins deviennent des manifestations symboliques afin d’imaginer un avenir différent.
Alejandra Monteverde et Thamyres Matarozzi
(texte original en portugais)
Em português, se colhe e se come
com a mesma palavra: colher.
Que possam habitar a boca de toda gente.
(texte original en portugais)
Em português, se colhe e se come
com a mesma palavra: colher.
Que possam habitar a boca de toda gente.
Un plat porte en soi d'innombrables récits, il est fait de temps, de sueur, de soleil, de pluie, de réseaux de relations.
Invitation ruminante: dans la mesure du possible, consacrer à la mastication d'un aliment un temps analogue à son histoire.
RUMINAR: MASTIGAR, MEDITAR, REFLETIR (texte original en portugais)
Um prato carrega consigo inúmeras narrativas, é feito de tempo, suor, sol, chuva, redes de relações.
Convite ruminante: sempre que possível, depositar na mastigação de um alimento um tempo análogo à sua história.
RECETTE
Préparation:
Salade d’almeirão roxo, laiteron maraîcher, ora-pro-nobis (groseillier des Barbades), citron et radis marinés dans du jus de citron, agrémentés d’huile d’olive et de sel. Pour la base, un assaisonnement (à incorporer à mesure que l'on mange) fait de : tahini avec du citron et du sel, mélasse de canne à sucre avec de la sauce soja et du vinaigre balsamique, huile d'olive, sel et farine de groseillier des Barbades saupoudrée sur l’assiette.
RECEITA
Preparo:
Salada de almeirão roxo, serralha, ora-pro-nóbis, limão e rabanete marinados no suco de limão e finalizados com azeite e sal. Na base, um molho decomposto (para se misturar conforme se come) feito com: tahine com limão e sal, melado de cana com shoyo e aceto balsâmico, azeite, sal e farinha de ora-pro-nóbis polvilhados no prato.
Un plat porte en soi d'innombrables récits, il est fait de temps, de sueur, de soleil, de pluie, de réseaux de relations.
Invitation ruminante: dans la mesure du possible, consacrer à la mastication d'un aliment un temps analogue à son histoire.
RUMINAR: MASTIGAR, MEDITAR, REFLETIR (texte original en portugais)
Um prato carrega consigo inúmeras narrativas, é feito de tempo, suor, sol, chuva, redes de relações.
Convite ruminante: sempre que possível, depositar na mastigação de um alimento um tempo análogo à sua história.
RECETTE
Préparation:
Salade d’almeirão roxo, laiteron maraîcher, ora-pro-nobis (groseillier des Barbades), citron et radis marinés dans du jus de citron, agrémentés d’huile d’olive et de sel. Pour la base, un assaisonnement (à incorporer à mesure que l'on mange) fait de : tahini avec du citron et du sel, mélasse de canne à sucre avec de la sauce soja et du vinaigre balsamique, huile d'olive, sel et farine de groseillier des Barbades saupoudrée sur l’assiette.
RECEITA
Preparo:
Salada de almeirão roxo, serralha, ora-pro-nóbis, limão e rabanete marinados no suco de limão e finalizados com azeite e sal. Na base, um molho decomposto (para se misturar conforme se come) feito com: tahine com limão e sal, melado de cana com shoyo e aceto balsâmico, azeite, sal e farinha de ora-pro-nóbis polvilhados no prato.
Comme un message placé dans une bouteille et jeté à la mer, j'envoie une lettre. Inspirée par la Lettre à la Terre, de Geneviève Azam¹, j'invoque également l'animosité qui est celle de la Terre, en partant du principe qu'indépendamment de toute partie ou de tout être auquel elle aboutit, elle forme ce corps terrestre multiforme, accomplissant ainsi son destin.
Mais cette fois-ci, il faudra dévorer la lettre, la mettre à l’abri dans sa bouche et après, permettre de manière sélective la recomposition physiologique, physique, structurelle du corps, lequel est toujours reconstitué par la nourriture. Et comme on parle et on pense toujours à travers des liens collectifs, je rappelle les mots de Coccia, pour qui l'acte de manger « n’est rien de plus que [...] la preuve qu’il n’y a qu’une seule vie, commune à tous les êtres vivants, apte à circuler entre corps et entre espèces²». De même, j'ai le sentiment que la pensée procède aussi de cette manière, en transit, en flux, en composition et recomposition qui nous traverse, défiant le sens de l'individualité.
CARTA AOS VIVENTES (texte original en portugais)
Como uma mensagem colocada numa garrafa e lançada ao mar, envio uma carta. Inspirada pela Carta à Terra, de Geneviéve Azam, recorro igualmente à animosidade atribuída à Terra, num entendimento de que independentemente de qualquer parte ou ser a que chegue, compõe ele esse corpo multiforme terrestre, fazendo-se assim cumprida a destinação.
Desta vez, no entanto, será preciso devorar a carta, fazê-la abrigar-se na boca e depois, seletivamente, permitir a reordenação fisiológica, física, estrutural do corpo, o qual é sempre refeito por meio do alimento. E como falamos e pensamos sempre por meio de laços coletivos, relembro as palavras de Coccia, para quem o ato de comer “nada mais é do que [...] a prova de que só há uma única vida, comum a todos os seres vivos, apta a circular entre corpos e espécies.” De igual modo, tenho a sensação de que o pensamento procede também assim, em trânsito, fluxo, composição e recomposição atravessadora, desafiando o senso de individualidade.
L'enveloppe de cette lettre est faite de feuille de bananier, une plante qui compose si largement les paysages brésiliens qu'elle pourrait servir de signature territoriale, bien qu'elle ne soit arrivée ici qu'après la colonisation. Pour l'utiliser, il faut la ramollir au feu ou à l'eau chaude afin de pouvoir la plier sans la déchirer. À l'intérieur, une garniture à base de farine de maïs, de sorte qu'ensemble, ils évoquent diverses prescriptions et récits : le cubu (sucré, à base de farine de maïs, enroulé dans la même feuille et grillé), la pamonha (à base de maïs, enroulé dans la feuille du maïs et cuit à l’eau), l'angu (à base de farine de maïs bouillie) et le pastel d’angu (fait avec une base similaire à la recette précédente, mais farci) en sont quelques-unes, même si on pourrait en énumérer bien d'autres (surtout en traversant la frontière brésilienne et en atteignant d'autres peuples du maïs).
O envelope dessa carta é feito de folha de bananeira, planta que compõe tão largamente tantas paisagens brasileiras que poderia servir de assinatura territorial, apesar de terem aqui chegado apenas depois da colonização. Para usá-la, precisa ser amaciada com fogo ou água quente, para permitir assim a dobradura sem se rasgar. Por dentro, um recheio a base de fubá de milho, de modo que juntos evocam diversos receituários e narrativas: o cubu (doce, feito de fubá, enrolado pela mesma folha e assado), a pamonha (a base de milho, enrolada na folha do milho e cozida), o angu (feito de fubá escaldado com água) e o pastel de angu (feito com base similar à da receita anterior, mas recheado) são algumas delas, embora poderíamos listar muitas outras (sobretudo cruzando a fronteira do Brasil e alcançando outros povos do milho).
Dans cette pâte s'est ajouté à la farine de maïs le légume maria-gondó, ou capiçoba, une plante courante dans la région du Minas Gerais présente dans les souvenirs récents et anciens de l’agricultrice Vera, qui se rappelle l'angu orné de ses feuilles. Pour lui donner du liant, en s'inspirant d'une adaptation de la pâte de cubu que j'ai faite auparavant, on ajoute à la pâte un morceau d'igname cuit, ainsi que de l'eau et de l'huile. Afin de préserver l'enveloppe, celle-ci a été scellée avec une épine d'ora-pro-nobis du jardin avant d’être cuite à la vapeur.
Nessa massa juntou-se ao fubá a hortaliça maria-gondó, ou capiçoba, um encontro comum pelas bandas de Minas Gerais trazido pelas lembranças da agricultora Vera, que tem em sua memória antiga e recente o angu finalizado com suas folhas. Para dar liga, buscando a referência de uma adaptação que já fiz antes da massa do cubu, soma-se à massa um pedaço de inhame cozido, além da água e óleo. Para preservação do envelope, este foi selado com um espinho de ora-pro-nóbis do quintal e colocado à vapor.
En accompagnement, nous nous tournons vers une autre partie du bananier, son “nombril” ou mangará, son fruit et sa fleur qui, après avoir été émincé et laissé à tremper dans de l'eau vinaigrée (changée quelques fois), ont été transformés en antipasto et servis sur leur propre feuille, que nous avons réservée pour cela. Comme élément additionnel à la lettre, il apporte une grave et simple question : « la banane étant le deuxième fruit le plus consommé dans le monde entier, pourquoi vous ne me mangez pas ? » Le fait est que, même si elle fait partie de la mémoire et de la résistance gastronomique à l'intérieur du Minas Gerais, notamment comme garniture du pastel d'angu (une combinaison merveilleuse, d'ailleurs), le nombril est systématiquement écarté de la chaîne de production de la banane, ce qui est incompréhensible.
Une fois la lettre envoyée, on s’attend à ce qu’elle vous invite à la rumination, cette manière développée par les bovins de s'attarder sur leur digestion et qui ressemble, comme cela a déjà été dit, à l'activité de la pensée, prolongeant ici l'acte de manger et le retour dans cet acte comme une expérience double, concomitante.
Como acompanhamento, nos deslocamos para outra parte da bananeira, o umbigo ou mangará, seu fruto e flor que, depois de laminado e descansado em água com vinagre (trocada algumas vezes), foi transformado em um antepasto e servido em sua própria folha, que reservamos para isso. Como elemento agregado à carta, ele traz uma grave e simples questão: “sendo a banana o segundo fruto mais consumido no mundo inteiro, porque vocês não me comem?” O fato é que apesar de fazer parte da memória e resistência gastronômica do interior de Minas Gerais, sobretudo como recheio do pastel de angu (combinação maravilhosa, por sinal), o umbigo é sistematicamente descartado da cadeia produtiva da banana, o que é incompreensível.
Lançada a carta, espera-se que lhe chegue como convite à ruminação, esse modo superior desenvolvido pelos bovinos de se demorarem na digestão e que se assemelha, já disseram antes, à atividade do pensamento, estendendo aqui o comer e refazer-se nesse ato como experiência dupla, concomitante.
RECETTE
PÂTE
100g de farine de maïs
Eau
Feuilles de maria-gondó déchirées
1 cuillère à café de safran en poudre
½ petit igname cuit, pelé et écrasé
1 cuillère à soupe d'huile d'olive
Sel selon goût
RECEITA
MASSA
100g fubá
Água
Folhas de Maria Gondó rasgadas
1 colher de chá de açafrão em pó
½ inhame pequeno cozido sem casca amassado
1 colher de azeite
Sal a gosto
Préparation:
Mélanger tous les ingrédients en ajoutant peu à peu de l'eau tiède jusqu'à ce que la pâte se décolle des mains. À ce stade, elle est prête à être moulée et à farcir l'enveloppe.
Preparo:
Misturar todos os ingredientes acrescentando água morna aos poucos até que a massa se desprenda das mãos. Nesse ponto ela está pronto para ser moldada e rechear o envelope.
FEUILLE DE BANANIER (ENVELOPE)
Après l’avoir nettoyé, la placer dans de l'eau chaude pendant deux minutes pour ramollir les fibres. Pour la confection de l'enveloppe, elle a été découpée en carrés, la forme de base pour le pliage.
FOLHA DE BANANEIRA (ENVELOPE)
Depois de higienizada, colocar por 2 minutos em água quente para amolecer as fibras. Para produção do envelope ela foi cortada em quadrado, forma base para a dobradura.
NOMBRIL DE BANANE (ACCOMPAGNEMENT)
1 nombril de banane de taille moyenne
½ poireau
2 gousses d'ail
Noix de cajou broyée
Coriandre sauvage
Pincée de “poivre de singe” moulu (pimenta de macaco)
Vinaigre balsamique ou citron
Huile d'olive
UMBIGO DE BANANA (ACOMPANHAMENTO)
Um umbigo de banana médio
½ Alho poro
2 dentes de alho
Castanha de caju triturada
Coentro selvagem
Pitada de pimenta de macaco moída
Aceto balsâmico ou limão
Azeite
En préambule:
Le nombril peut être utilisé dans son intégralité, seules les feuilles endommagées doivent être enlevées. Émincer et placer immédiatement dans un récipient recouvert d'eau et de vinaigre (3 cuillères pleines pour un nombril de taille moyenne). Après avoir jeté et renouvelé l'eau trois ou quatre fois, le nombril aura perdu son amertume et pourra être utilisé dans toutes sortes de préparations.
Pré-preparo:
O umbigo pode ser usado integralmente, devendo ser retiradas apenas as folhas danificadas. Laminar e colocar imediatamente em um recipiente coberto por água e vinagre (3 colheres cheias por umbigo médio). Depois de descartar e renovar três ou quatro vezes essa água ele terá perdido o amargor, ficando apto para ser usado em qualquer preparo.
Préparation:
Après avoir fait sauter les poireaux avec de l'ail, ajouter le nombril, les noix de cajou et les épices jusqu'à obtenir une texture agréable. Finaliser avec de l'huile d'olive et du vinaigre balsamique ou du citron pour équilibrer l'acidité.
Preparo:
Depois de refogar o alho poro junto ao alho, acrescentar o umbigo, as castanhas e os temperos até chegar a uma textura agradável. Finalizar com azeite e aceto ou limão para equilibrar a acidez.
¹ Geneviève Azam, Carta à Terra, Belo Horizonte, Relicário, 2020.
² Emanuele Coccia, Metamorfoses, Rio de Janeiro, Dantes Editora, 2020.
Comme un message placé dans une bouteille et jeté à la mer, j'envoie une lettre. Inspirée par la Lettre à la Terre, de Geneviève Azam¹, j'invoque également l'animosité qui est celle de la Terre, en partant du principe qu'indépendamment de toute partie ou de tout être auquel elle aboutit, elle forme ce corps terrestre multiforme, accomplissant ainsi son destin.
Mais cette fois-ci, il faudra dévorer la lettre, la mettre à l’abri dans sa bouche et après, permettre de manière sélective la recomposition physiologique, physique, structurelle du corps, lequel est toujours reconstitué par la nourriture. Et comme on parle et on pense toujours à travers des liens collectifs, je rappelle les mots de Coccia, pour qui l'acte de manger « n’est rien de plus que [...] la preuve qu’il n’y a qu’une seule vie, commune à tous les êtres vivants, apte à circuler entre corps et entre espèces²». De même, j'ai le sentiment que la pensée procède aussi de cette manière, en transit, en flux, en composition et recomposition qui nous traverse, défiant le sens de l'individualité.
CARTA AOS VIVENTES (texte original en portugais)
Como uma mensagem colocada numa garrafa e lançada ao mar, envio uma carta. Inspirada pela Carta à Terra, de Geneviéve Azam, recorro igualmente à animosidade atribuída à Terra, num entendimento de que independentemente de qualquer parte ou ser a que chegue, compõe ele esse corpo multiforme terrestre, fazendo-se assim cumprida a destinação.
Desta vez, no entanto, será preciso devorar a carta, fazê-la abrigar-se na boca e depois, seletivamente, permitir a reordenação fisiológica, física, estrutural do corpo, o qual é sempre refeito por meio do alimento. E como falamos e pensamos sempre por meio de laços coletivos, relembro as palavras de Coccia, para quem o ato de comer “nada mais é do que [...] a prova de que só há uma única vida, comum a todos os seres vivos, apta a circular entre corpos e espécies.” De igual modo, tenho a sensação de que o pensamento procede também assim, em trânsito, fluxo, composição e recomposição atravessadora, desafiando o senso de individualidade.
L'enveloppe de cette lettre est faite de feuille de bananier, une plante qui compose si largement les paysages brésiliens qu'elle pourrait servir de signature territoriale, bien qu'elle ne soit arrivée ici qu'après la colonisation. Pour l'utiliser, il faut la ramollir au feu ou à l'eau chaude afin de pouvoir la plier sans la déchirer. À l'intérieur, une garniture à base de farine de maïs, de sorte qu'ensemble, ils évoquent diverses prescriptions et récits : le cubu (sucré, à base de farine de maïs, enroulé dans la même feuille et grillé), la pamonha (à base de maïs, enroulé dans la feuille du maïs et cuit à l’eau), l'angu (à base de farine de maïs bouillie) et le pastel d’angu (fait avec une base similaire à la recette précédente, mais farci) en sont quelques-unes, même si on pourrait en énumérer bien d'autres (surtout en traversant la frontière brésilienne et en atteignant d'autres peuples du maïs).
O envelope dessa carta é feito de folha de bananeira, planta que compõe tão largamente tantas paisagens brasileiras que poderia servir de assinatura territorial, apesar de terem aqui chegado apenas depois da colonização. Para usá-la, precisa ser amaciada com fogo ou água quente, para permitir assim a dobradura sem se rasgar. Por dentro, um recheio a base de fubá de milho, de modo que juntos evocam diversos receituários e narrativas: o cubu (doce, feito de fubá, enrolado pela mesma folha e assado), a pamonha (a base de milho, enrolada na folha do milho e cozida), o angu (feito de fubá escaldado com água) e o pastel de angu (feito com base similar à da receita anterior, mas recheado) são algumas delas, embora poderíamos listar muitas outras (sobretudo cruzando a fronteira do Brasil e alcançando outros povos do milho).
Dans cette pâte s'est ajouté à la farine de maïs le légume maria-gondó, ou capiçoba, une plante courante dans la région du Minas Gerais présente dans les souvenirs récents et anciens de l’agricultrice Vera, qui se rappelle l'angu orné de ses feuilles. Pour lui donner du liant, en s'inspirant d'une adaptation de la pâte de cubu que j'ai faite auparavant, on ajoute à la pâte un morceau d'igname cuit, ainsi que de l'eau et de l'huile. Afin de préserver l'enveloppe, celle-ci a été scellée avec une épine d'ora-pro-nobis du jardin avant d’être cuite à la vapeur.
Nessa massa juntou-se ao fubá a hortaliça maria-gondó, ou capiçoba, um encontro comum pelas bandas de Minas Gerais trazido pelas lembranças da agricultora Vera, que tem em sua memória antiga e recente o angu finalizado com suas folhas. Para dar liga, buscando a referência de uma adaptação que já fiz antes da massa do cubu, soma-se à massa um pedaço de inhame cozido, além da água e óleo. Para preservação do envelope, este foi selado com um espinho de ora-pro-nóbis do quintal e colocado à vapor.
En accompagnement, nous nous tournons vers une autre partie du bananier, son “nombril” ou mangará, son fruit et sa fleur qui, après avoir été émincé et laissé à tremper dans de l'eau vinaigrée (changée quelques fois), ont été transformés en antipasto et servis sur leur propre feuille, que nous avons réservée pour cela. Comme élément additionnel à la lettre, il apporte une grave et simple question : « la banane étant le deuxième fruit le plus consommé dans le monde entier, pourquoi vous ne me mangez pas ? » Le fait est que, même si elle fait partie de la mémoire et de la résistance gastronomique à l'intérieur du Minas Gerais, notamment comme garniture du pastel d'angu (une combinaison merveilleuse, d'ailleurs), le nombril est systématiquement écarté de la chaîne de production de la banane, ce qui est incompréhensible.
Une fois la lettre envoyée, on s’attend à ce qu’elle vous invite à la rumination, cette manière développée par les bovins de s'attarder sur leur digestion et qui ressemble, comme cela a déjà été dit, à l'activité de la pensée, prolongeant ici l'acte de manger et le retour dans cet acte comme une expérience double, concomitante.
Como acompanhamento, nos deslocamos para outra parte da bananeira, o umbigo ou mangará, seu fruto e flor que, depois de laminado e descansado em água com vinagre (trocada algumas vezes), foi transformado em um antepasto e servido em sua própria folha, que reservamos para isso. Como elemento agregado à carta, ele traz uma grave e simples questão: “sendo a banana o segundo fruto mais consumido no mundo inteiro, porque vocês não me comem?” O fato é que apesar de fazer parte da memória e resistência gastronômica do interior de Minas Gerais, sobretudo como recheio do pastel de angu (combinação maravilhosa, por sinal), o umbigo é sistematicamente descartado da cadeia produtiva da banana, o que é incompreensível.
Lançada a carta, espera-se que lhe chegue como convite à ruminação, esse modo superior desenvolvido pelos bovinos de se demorarem na digestão e que se assemelha, já disseram antes, à atividade do pensamento, estendendo aqui o comer e refazer-se nesse ato como experiência dupla, concomitante.
RECETTE
PÂTE
100g de farine de maïs
Eau
Feuilles de maria-gondó déchirées
1 cuillère à café de safran en poudre
½ petit igname cuit, pelé et écrasé
1 cuillère à soupe d'huile d'olive
Sel selon goût
RECEITA
MASSA
100g fubá
Água
Folhas de Maria Gondó rasgadas
1 colher de chá de açafrão em pó
½ inhame pequeno cozido sem casca amassado
1 colher de azeite
Sal a gosto
Préparation:
Mélanger tous les ingrédients en ajoutant peu à peu de l'eau tiède jusqu'à ce que la pâte se décolle des mains. À ce stade, elle est prête à être moulée et à farcir l'enveloppe.
Preparo:
Misturar todos os ingredientes acrescentando água morna aos poucos até que a massa se desprenda das mãos. Nesse ponto ela está pronto para ser moldada e rechear o envelope.
FEUILLE DE BANANIER (ENVELOPE)
Après l’avoir nettoyé, la placer dans de l'eau chaude pendant deux minutes pour ramollir les fibres. Pour la confection de l'enveloppe, elle a été découpée en carrés, la forme de base pour le pliage.
FOLHA DE BANANEIRA (ENVELOPE)
Depois de higienizada, colocar por 2 minutos em água quente para amolecer as fibras. Para produção do envelope ela foi cortada em quadrado, forma base para a dobradura.
NOMBRIL DE BANANE (ACCOMPAGNEMENT)
1 nombril de banane de taille moyenne
½ poireau
2 gousses d'ail
Noix de cajou broyée
Coriandre sauvage
Pincée de “poivre de singe” moulu (pimenta de macaco)
Vinaigre balsamique ou citron
Huile d'olive
UMBIGO DE BANANA (ACOMPANHAMENTO)
Um umbigo de banana médio
½ Alho poro
2 dentes de alho
Castanha de caju triturada
Coentro selvagem
Pitada de pimenta de macaco moída
Aceto balsâmico ou limão
Azeite
En préambule:
Le nombril peut être utilisé dans son intégralité, seules les feuilles endommagées doivent être enlevées. Émincer et placer immédiatement dans un récipient recouvert d'eau et de vinaigre (3 cuillères pleines pour un nombril de taille moyenne). Après avoir jeté et renouvelé l'eau trois ou quatre fois, le nombril aura perdu son amertume et pourra être utilisé dans toutes sortes de préparations.
Pré-preparo:
O umbigo pode ser usado integralmente, devendo ser retiradas apenas as folhas danificadas. Laminar e colocar imediatamente em um recipiente coberto por água e vinagre (3 colheres cheias por umbigo médio). Depois de descartar e renovar três ou quatro vezes essa água ele terá perdido o amargor, ficando apto para ser usado em qualquer preparo.
Préparation:
Après avoir fait sauter les poireaux avec de l'ail, ajouter le nombril, les noix de cajou et les épices jusqu'à obtenir une texture agréable. Finaliser avec de l'huile d'olive et du vinaigre balsamique ou du citron pour équilibrer l'acidité.
Preparo:
Depois de refogar o alho poro junto ao alho, acrescentar o umbigo, as castanhas e os temperos até chegar a uma textura agradável. Finalizar com azeite e aceto ou limão para equilibrar a acidez.
¹ Geneviève Azam, Carta à Terra, Belo Horizonte, Relicário, 2020.
² Emanuele Coccia, Metamorfoses, Rio de Janeiro, Dantes Editora, 2020.
Formées par la sédimentation, l'accumulation de matières inorganiques et la décomposition sous pression, les pierres invitent à apprécier le temps géologique, étendu, libre de toute hâte et ouvert aux conditions diverses et adverses qui les traversent et qui façonnent leur constitution physique. C'est peut-être pour cela que, dans la tentative de se rapprocher de cette temporalité, il existe la pratique humaine de les empiler lors d'un état de contemplation de la nature - une quête pour se rapprocher de ce calme dont le temps humain “civilisé” s'est éloigné.
CARÁ, PEDRA DO AR (texte original en portugais)
Formadas por sedimentação, acúmulo de matéria inorgânica e decomposição sob pressão, as pedras convidam a apreciação do tempo geológico, estendido, livre da pressa e aberto às condições diversas e adversas que as atravessam e moldam sua constituição física. Talvez por isso, na tentativa de aproximar-se dessa temporalidade, haja a prática humana de empilhá-las quando em estado de contemplação da natureza – uma busca por acercar-se dessa calma da qual o tempo humano civilizado se afastou.
Contempler un être dont l’existence remonte parfois au passage des âges rend, peut-être par dévolution, les minutes et les heures de la vie d’êtres de passage bref comme nous insignifiantes. Une perception qui, pourtant, nous permet de mesurer ce que nous voulons emporter avec nous, les souvenirs et l'arsenal des importances.
Lors d'une visite au potager agroécologique Raio de Luz, Lúcia, l'agricultrice qui l'a fondé et qui s'en occupe depuis 2017, a apporté le cará-moela ou cará-do-ar comme élément de mémoire savoureux. Une sorte de cará, d'igname (de la même famille) que l'on ne trouve pas toujours facilement sur les marchés urbains. Supposé avoir été introduit d'Afrique de l'Ouest, le tubercule s'est facilement adapté au sol brésilien, étant traditionnellement cultivé par les quilombolas, les caboclos et les habitants des rivières. En forme de vigne, il ressemble à une pierre suspendue et est extrêmement résistant : il peut se conserver jusqu'à trois mois après sa récolte avec une faible perte nutritionnelle. Une propriété qui, conjointement avec son goût et sa texture agréable, entre un cará et une pomme de terre, et sa nature pérenne de production, rend surprenante sa petite circulation.
Olhar para um ser que remonta por vezes à passagem de eras torna insignificantes, talvez, por devolução, os minutos e as horas na vida de seres de travessia breve como nós. Percepção que, no entanto, nos permite medir aquilo que queremos carregar conosco, as memórias e arsenal de importâncias.
Em visita à horta agroecológica Raio de Luz, Lúcia, a agricultora que a fundou e cuida desde 2017, trouxe o cará-moela ou cará-do-ar como elemento de memória e água na boca. Uma espécie de cará, inhame (da mesma família) que não costumamos encontrar com facilidade nos mercados urbanos. Trazido supostamente do oeste da África, o tubérculo teve fácil adaptação a grande faixa do solo brasileiro, sendo cultivado tradicionalmente por quilombolas, caboclos e ribeirinhos. Em forma de trepadeira, tem aspecto de pedra suspensa e é extremamente resistente – pode durar até três meses depois de sua colheita, com pouca perda nutricional. Informação que, junto ao seu sabor e textura agradáveis, entre um cará e uma batata, e sua natureza perene de produção, causa estranhamento diante dessa pequena circulação.
Lúcia en fait habituellement un petit gâteau, assaisonné de persil. N'ayant pas le temps de le déguster, emportant avec moi sa sagesse et ses souvenirs, je suis partie du devenir pierre du cará aérien pour le transférer vers ma manière personnelle de redimensionner sa mémoire – me rappelant ici la célèbre phrase du poète Waly Salomão, « la mémoire est une station de montage». Et redimensionner signifie aussi amener la tradition et la mémoire dans le présent mouvant et informe, dans lequel on peut construire de nouveaux récits.
En couches qui préservent sa forme, j'ai intercalé le tubercule avec de l'ail et des feuilles d'ora-pro-nobis, une autre vigne, celle-ci étant une feuille qui, avec peu de circulation commerciale, compose mon récit et a toujours été présente dans le jardin de ma grand-mère. Son nom vient du latin, « priez pour nous » et remonte à l'époque coloniale. On raconte qu'à la période coloniale, dans la ville de Sabará, à l'intérieur du Minas Gerais, il y avait de grands buissons de cette plante autour de l'église, mais que le prêtre ne permettait pas de les récolter (horrible, non ?), de façon à ce que les personnes réduites en esclavage profitaient des moments de prière pour les ramasser. En plus d'être savoureuses, ses feuilles sont considérées comme des super-aliments en raison de leur qualité protéique.
Lúcia costuma fazer dele um bolinho, temperado com salsinha. Não havendo tanto tempo para prová-lo, levando comigo sua sabedoria e lembranças, parti do devir pedra do cará aéreo para um translado rumo à minha forma pessoal de redimensionar sua memória – lembrando aqui a célebre frase do poeta Waly Salomão, “A memória é uma ilha de edição”. E redimensionar significa também trazer a tradição e memória para o presente, movediço e disforme, no qual podemos construir novas narrativas.
Em camadas que preservassem sua forma, intercalei o tubérculo com alho e folhas de ora-pro-nóbis, outra trepadeira, esta sim uma folha que, com pequena circulação comercial, compõe minha narrativa e sempre esteve presente no quintal de minha vó. Seu nome advém do latim, “orai por nós”, e remonta aos tempos coloniais. Dizem que no período colonial, na cidade de Sabará, interior de Minas, havia em torno da igreja grandes moitas da hortaliça, mas que o padre não permitia colher (horrível, não?), de modo que os escravizados aproveitavam os momentos de oração para coletar. Além de saboroso, suas folhas são consideradas superalimentos devido a qualidade proteica que possuem.
Sur la tarte en plusieurs couches, j'ai encore ajouté les fruits d’ora-pro-nobis confits. Très peu utilisé, pour un motif qui m'est inconnu, rare à trouver, le fruit est jaune foncé, a une croûte ferme mais agréable, et une acidité et une douceur légères. Le résultat est merveilleux et permet une plus longue durée de cette préciosité. Pour l'assaisonner, j'ai utilisé des fleurs sèches de quitoco, une herbe dont la complexité s'associe à celle du poivre noir et du clou de girofle et qui était très présente dans les cuisines anciennes, étant employée à cette fin depuis les tiges jusqu'aux feuilles et aux fleurs. Avec le quitoco, associé à une sélection d'herbes, Vera, l'agricultrice qui m'a fait découvrir ce joyau, produit un assaisonnement de haute qualité prêt à l'emploi, qu'elle vend au marché à côté de ses produits.
Mémoire, sédimentation et re-création. Cette tarte à plusieurs couches nous invite à un voyage collectif et rassembleur contre le projet d'oubli auquel la diversité a été reléguée dans les monocultures. Une exploration à la tangente de divers espace-temps afin qu'on puisse co-créer dans le présent, pierre par pierre, architectes que nous sommes, le monde dans lequel nous voulons vivre.
Sobre a torta em camadas somei ainda o fruto do ora-pro-nóbis confitado. Pouquíssimo utilizado e, por motivo que desconheço, raro de ser encontrado, o fruto é amarelo arredondado, possui uma casca firme, mas agradável, e tem acidez e doçura leves. O resultado é maravilhoso e permite uma duração maior dessa preciosidade. Para temperá-lo usei flores secas de quitoco, uma erva que combina com complexidade a pimenta do reino e o cravo e já esteve muito presente nas cozinhas antigas, podendo ser utilizada com essa finalidade dos caules às folhas e flores. Com o quitoco, junto a um apanhado de ervas, Vera, a agricultora que me apresentou essa preciosidade, produz um tempero pronto de alta qualidade, o qual vende na feira junto a sua produção.
Memória, sedimentação e recriação. Essa torta em camadas convida-nos a uma jornada coletiva e aglutinadora contra o projeto de esquecimento a que a diversidade foi relegada nas monoculturas. Um garimpo que tangencia tempo-espaços diversos para cocriarmos no presente, pedra por pedra, arquitetos que somos, o mundo em que queremos viver.
RECETTE
PÂTE
2 carás-do-ar émincés
Feuilles d'ora-pro-nobis
Quitoco en poudre
Sel selon goût
Huile d'olive
RECEITA
MASSA
2 carás-do-ar laminados
Folhas de ora-pro-nóbis
Quitoco em pó
Sal a gosto
Azeite
Préparation:
Beurrez le moule. Durant le montage, intercaler les tranches de cará-do-ar avec les feuilles d'ora-pro-nobis, en les saupoudrant avec du quitoco, du sel et de l'huile d'olive. Le cará a son propre mucilage, de sorte que les éléments tiendront ensemble. Enfournez à 180 degrés pendant environ 35 minutes.
Preparo:
Untar a forma. Na montagem, intercalar as lâminas de cará-do-ar com as folhas de ora-pro-nóbis, polvilhando quitoco, sal e azeite. O cará possui uma mucilagem própria, de modo que os elementos ficarão unidos. Levar ao forno a 180 graus por aproximadamente 35 minutos.
FRUITS D'ORA-PRO-NOBIS (DRESSAGE)
200 grammes de fruits mûrs d’ora-pro-nobis
Lamelles d'ail
Huile d'olive et huile de tournesol
1 cuillère à soupe de “poivre de singe” (pimenta de macaco)
Vinaigre de jaboticaba (ou autre de votre préférence)
1 cuillère à soupe de poivre de singe
Fleurs de persil
Sel selon goût
FRUTOS DE ORA-PRO-NÓBIS (FINALIZAÇĀO)
200 gramas de frutos maduros de ora-pro-nóbis
Lâminas de alho
Azeite e óleo de girassol
1 colher de Melado de cana
Vinagre de Jaboticaba (ou outro de sua preferência)
1 colher de pimenta de macaco
Flores de salsinha
Sal a gosto
Préparation:
Les fruits sont entourés de délicates épines. Pour les retirer, trempez-les dans l'eau puis retirez-les soigneusement. Elles s'enlèvent toutes seules, mais il est toujours conseillé de vérifier s'il en reste. Après les avoir lavés, pétrissez-les pour que l'assaisonnement pénètre bien (leur coque est ferme, donc ils ne se déferont pas). Pour conclure, placez-les ensemble avec l'ail sur un plateau recouvert d'huile d'olive, d'huile de tournesol, de sel, d'épices et de mélasse de canne à sucre. Ajustez avec du vinaigre afin d'équilibrer l'acidité.
Preparo:
Os frutos possuem espinhos delicados ao redor. Para removê-los, deixe-os de molho na água e depois a remova com cuidado. Eles sairão sozinhos, mas é sempre bom avaliar se restou algum. Depois de lavados, amasse-os para que o tempero penetre bem (sua casca é firme, então não irá se desmanchar). Por último, coloque-os junto ao alho em um tabuleiro cobertos por azeite, óleo de girassol, sal, temperos e melado. Finalize com o vinagre balanceando a acidez.
PÂTE D'ACCOMPAGNEMENT
250 g de noix de cajou
2 cuillères à soupe de rejuvelac de quinoa
½ betterave
PASTA DE ACOMPANHAMENTO:
250 g de castanha de caju
2 colheres de rejuvelac de quinoa
½ beterraba
Préparation:
Après avoir trempé les noix de cajour et enlevé l'eau, broyez-les dans le mixeur conjointement à la betterave avec le minimum d'eau nécessaire jusqu'à obtenir une pâte homogène. Ajoutez des cuillères de rejuvelac (ou un autre élément de fermentation de votre choix) et attendez sa fermentation (variable en fonction de la météo). Alors, seulement à la fin, ajoutez le sel pour ne pas interférer dans le processus.
Preparo:
Depois de deixar as castanhas de molho e descartar essa água, batê-las no liquidificador junto a beterraba, com o mínimo de água necessário, até obter uma massa homogênea. Acrescentar as colheres de rejuvelac (ou outra isca de fermentação de sua escolha) e aguardar sua fermentação (variável de acordo com o clima). Só então, ao final, acrescentar o sal para não interferir no processo.
Référence
Valderly Ferreira Kinupp e Harri Lorenzi, Plantas Alimentícias não Convencionais (PANC) no Brasil: guia de identificação, aspectos nutricionais e receitas ilustradas, São Paulo, Instituto Plantarum de Estudos da Flora, 2014.
Slow Food, A arca do gosto no Brasil: alimentos, conhecimentos e histórias do patrimônio gastronômico, São Paulo, Slow Food Editore, 2017.
Referência:
Valderly Ferreira Kinupp e Harri Lorenzi, Plantas Alimentícias não Convencionais (PANC) no Brasil: guia de identificação, aspectos nutricionais e receitas ilustradas, São Paulo, Instituto Plantarum de Estudos da Flora, 2014.
Slow Food, A arca do gosto no Brasil: alimentos, conhecimentos e histórias do patrimônio gastronômico, São Paulo, Slow Food Editore, 2017.
Formées par la sédimentation, l'accumulation de matières inorganiques et la décomposition sous pression, les pierres invitent à apprécier le temps géologique, étendu, libre de toute hâte et ouvert aux conditions diverses et adverses qui les traversent et qui façonnent leur constitution physique. C'est peut-être pour cela que, dans la tentative de se rapprocher de cette temporalité, il existe la pratique humaine de les empiler lors d'un état de contemplation de la nature - une quête pour se rapprocher de ce calme dont le temps humain “civilisé” s'est éloigné.
CARÁ, PEDRA DO AR (texte original en portugais)
Formadas por sedimentação, acúmulo de matéria inorgânica e decomposição sob pressão, as pedras convidam a apreciação do tempo geológico, estendido, livre da pressa e aberto às condições diversas e adversas que as atravessam e moldam sua constituição física. Talvez por isso, na tentativa de aproximar-se dessa temporalidade, haja a prática humana de empilhá-las quando em estado de contemplação da natureza – uma busca por acercar-se dessa calma da qual o tempo humano civilizado se afastou.
Contempler un être dont l’existence remonte parfois au passage des âges rend, peut-être par dévolution, les minutes et les heures de la vie d’êtres de passage bref comme nous insignifiantes. Une perception qui, pourtant, nous permet de mesurer ce que nous voulons emporter avec nous, les souvenirs et l'arsenal des importances.
Lors d'une visite au potager agroécologique Raio de Luz, Lúcia, l'agricultrice qui l'a fondé et qui s'en occupe depuis 2017, a apporté le cará-moela ou cará-do-ar comme élément de mémoire savoureux. Une sorte de cará, d'igname (de la même famille) que l'on ne trouve pas toujours facilement sur les marchés urbains. Supposé avoir été introduit d'Afrique de l'Ouest, le tubercule s'est facilement adapté au sol brésilien, étant traditionnellement cultivé par les quilombolas, les caboclos et les habitants des rivières. En forme de vigne, il ressemble à une pierre suspendue et est extrêmement résistant : il peut se conserver jusqu'à trois mois après sa récolte avec une faible perte nutritionnelle. Une propriété qui, conjointement avec son goût et sa texture agréable, entre un cará et une pomme de terre, et sa nature pérenne de production, rend surprenante sa petite circulation.
Olhar para um ser que remonta por vezes à passagem de eras torna insignificantes, talvez, por devolução, os minutos e as horas na vida de seres de travessia breve como nós. Percepção que, no entanto, nos permite medir aquilo que queremos carregar conosco, as memórias e arsenal de importâncias.
Em visita à horta agroecológica Raio de Luz, Lúcia, a agricultora que a fundou e cuida desde 2017, trouxe o cará-moela ou cará-do-ar como elemento de memória e água na boca. Uma espécie de cará, inhame (da mesma família) que não costumamos encontrar com facilidade nos mercados urbanos. Trazido supostamente do oeste da África, o tubérculo teve fácil adaptação a grande faixa do solo brasileiro, sendo cultivado tradicionalmente por quilombolas, caboclos e ribeirinhos. Em forma de trepadeira, tem aspecto de pedra suspensa e é extremamente resistente – pode durar até três meses depois de sua colheita, com pouca perda nutricional. Informação que, junto ao seu sabor e textura agradáveis, entre um cará e uma batata, e sua natureza perene de produção, causa estranhamento diante dessa pequena circulação.
Lúcia en fait habituellement un petit gâteau, assaisonné de persil. N'ayant pas le temps de le déguster, emportant avec moi sa sagesse et ses souvenirs, je suis partie du devenir pierre du cará aérien pour le transférer vers ma manière personnelle de redimensionner sa mémoire – me rappelant ici la célèbre phrase du poète Waly Salomão, « la mémoire est une station de montage». Et redimensionner signifie aussi amener la tradition et la mémoire dans le présent mouvant et informe, dans lequel on peut construire de nouveaux récits.
En couches qui préservent sa forme, j'ai intercalé le tubercule avec de l'ail et des feuilles d'ora-pro-nobis, une autre vigne, celle-ci étant une feuille qui, avec peu de circulation commerciale, compose mon récit et a toujours été présente dans le jardin de ma grand-mère. Son nom vient du latin, « priez pour nous » et remonte à l'époque coloniale. On raconte qu'à la période coloniale, dans la ville de Sabará, à l'intérieur du Minas Gerais, il y avait de grands buissons de cette plante autour de l'église, mais que le prêtre ne permettait pas de les récolter (horrible, non ?), de façon à ce que les personnes réduites en esclavage profitaient des moments de prière pour les ramasser. En plus d'être savoureuses, ses feuilles sont considérées comme des super-aliments en raison de leur qualité protéique.
Lúcia costuma fazer dele um bolinho, temperado com salsinha. Não havendo tanto tempo para prová-lo, levando comigo sua sabedoria e lembranças, parti do devir pedra do cará aéreo para um translado rumo à minha forma pessoal de redimensionar sua memória – lembrando aqui a célebre frase do poeta Waly Salomão, “A memória é uma ilha de edição”. E redimensionar significa também trazer a tradição e memória para o presente, movediço e disforme, no qual podemos construir novas narrativas.
Em camadas que preservassem sua forma, intercalei o tubérculo com alho e folhas de ora-pro-nóbis, outra trepadeira, esta sim uma folha que, com pequena circulação comercial, compõe minha narrativa e sempre esteve presente no quintal de minha vó. Seu nome advém do latim, “orai por nós”, e remonta aos tempos coloniais. Dizem que no período colonial, na cidade de Sabará, interior de Minas, havia em torno da igreja grandes moitas da hortaliça, mas que o padre não permitia colher (horrível, não?), de modo que os escravizados aproveitavam os momentos de oração para coletar. Além de saboroso, suas folhas são consideradas superalimentos devido a qualidade proteica que possuem.
Sur la tarte en plusieurs couches, j'ai encore ajouté les fruits d’ora-pro-nobis confits. Très peu utilisé, pour un motif qui m'est inconnu, rare à trouver, le fruit est jaune foncé, a une croûte ferme mais agréable, et une acidité et une douceur légères. Le résultat est merveilleux et permet une plus longue durée de cette préciosité. Pour l'assaisonner, j'ai utilisé des fleurs sèches de quitoco, une herbe dont la complexité s'associe à celle du poivre noir et du clou de girofle et qui était très présente dans les cuisines anciennes, étant employée à cette fin depuis les tiges jusqu'aux feuilles et aux fleurs. Avec le quitoco, associé à une sélection d'herbes, Vera, l'agricultrice qui m'a fait découvrir ce joyau, produit un assaisonnement de haute qualité prêt à l'emploi, qu'elle vend au marché à côté de ses produits.
Mémoire, sédimentation et re-création. Cette tarte à plusieurs couches nous invite à un voyage collectif et rassembleur contre le projet d'oubli auquel la diversité a été reléguée dans les monocultures. Une exploration à la tangente de divers espace-temps afin qu'on puisse co-créer dans le présent, pierre par pierre, architectes que nous sommes, le monde dans lequel nous voulons vivre.
Sobre a torta em camadas somei ainda o fruto do ora-pro-nóbis confitado. Pouquíssimo utilizado e, por motivo que desconheço, raro de ser encontrado, o fruto é amarelo arredondado, possui uma casca firme, mas agradável, e tem acidez e doçura leves. O resultado é maravilhoso e permite uma duração maior dessa preciosidade. Para temperá-lo usei flores secas de quitoco, uma erva que combina com complexidade a pimenta do reino e o cravo e já esteve muito presente nas cozinhas antigas, podendo ser utilizada com essa finalidade dos caules às folhas e flores. Com o quitoco, junto a um apanhado de ervas, Vera, a agricultora que me apresentou essa preciosidade, produz um tempero pronto de alta qualidade, o qual vende na feira junto a sua produção.
Memória, sedimentação e recriação. Essa torta em camadas convida-nos a uma jornada coletiva e aglutinadora contra o projeto de esquecimento a que a diversidade foi relegada nas monoculturas. Um garimpo que tangencia tempo-espaços diversos para cocriarmos no presente, pedra por pedra, arquitetos que somos, o mundo em que queremos viver.
RECETTE
PÂTE
2 carás-do-ar émincés
Feuilles d'ora-pro-nobis
Quitoco en poudre
Sel selon goût
Huile d'olive
RECEITA
MASSA
2 carás-do-ar laminados
Folhas de ora-pro-nóbis
Quitoco em pó
Sal a gosto
Azeite
Préparation:
Beurrez le moule. Durant le montage, intercaler les tranches de cará-do-ar avec les feuilles d'ora-pro-nobis, en les saupoudrant avec du quitoco, du sel et de l'huile d'olive. Le cará a son propre mucilage, de sorte que les éléments tiendront ensemble. Enfournez à 180 degrés pendant environ 35 minutes.
Preparo:
Untar a forma. Na montagem, intercalar as lâminas de cará-do-ar com as folhas de ora-pro-nóbis, polvilhando quitoco, sal e azeite. O cará possui uma mucilagem própria, de modo que os elementos ficarão unidos. Levar ao forno a 180 graus por aproximadamente 35 minutos.
FRUITS D'ORA-PRO-NOBIS (DRESSAGE)
200 grammes de fruits mûrs d’ora-pro-nobis
Lamelles d'ail
Huile d'olive et huile de tournesol
1 cuillère à soupe de “poivre de singe” (pimenta de macaco)
Vinaigre de jaboticaba (ou autre de votre préférence)
1 cuillère à soupe de poivre de singe
Fleurs de persil
Sel selon goût
FRUTOS DE ORA-PRO-NÓBIS (FINALIZAÇĀO)
200 gramas de frutos maduros de ora-pro-nóbis
Lâminas de alho
Azeite e óleo de girassol
1 colher de Melado de cana
Vinagre de Jaboticaba (ou outro de sua preferência)
1 colher de pimenta de macaco
Flores de salsinha
Sal a gosto
Préparation:
Les fruits sont entourés de délicates épines. Pour les retirer, trempez-les dans l'eau puis retirez-les soigneusement. Elles s'enlèvent toutes seules, mais il est toujours conseillé de vérifier s'il en reste. Après les avoir lavés, pétrissez-les pour que l'assaisonnement pénètre bien (leur coque est ferme, donc ils ne se déferont pas). Pour conclure, placez-les ensemble avec l'ail sur un plateau recouvert d'huile d'olive, d'huile de tournesol, de sel, d'épices et de mélasse de canne à sucre. Ajustez avec du vinaigre afin d'équilibrer l'acidité.
Preparo:
Os frutos possuem espinhos delicados ao redor. Para removê-los, deixe-os de molho na água e depois a remova com cuidado. Eles sairão sozinhos, mas é sempre bom avaliar se restou algum. Depois de lavados, amasse-os para que o tempero penetre bem (sua casca é firme, então não irá se desmanchar). Por último, coloque-os junto ao alho em um tabuleiro cobertos por azeite, óleo de girassol, sal, temperos e melado. Finalize com o vinagre balanceando a acidez.
PÂTE D'ACCOMPAGNEMENT
250 g de noix de cajou
2 cuillères à soupe de rejuvelac de quinoa
½ betterave
PASTA DE ACOMPANHAMENTO:
250 g de castanha de caju
2 colheres de rejuvelac de quinoa
½ beterraba
Préparation:
Après avoir trempé les noix de cajour et enlevé l'eau, broyez-les dans le mixeur conjointement à la betterave avec le minimum d'eau nécessaire jusqu'à obtenir une pâte homogène. Ajoutez des cuillères de rejuvelac (ou un autre élément de fermentation de votre choix) et attendez sa fermentation (variable en fonction de la météo). Alors, seulement à la fin, ajoutez le sel pour ne pas interférer dans le processus.
Preparo:
Depois de deixar as castanhas de molho e descartar essa água, batê-las no liquidificador junto a beterraba, com o mínimo de água necessário, até obter uma massa homogênea. Acrescentar as colheres de rejuvelac (ou outra isca de fermentação de sua escolha) e aguardar sua fermentação (variável de acordo com o clima). Só então, ao final, acrescentar o sal para não interferir no processo.
Référence
Valderly Ferreira Kinupp e Harri Lorenzi, Plantas Alimentícias não Convencionais (PANC) no Brasil: guia de identificação, aspectos nutricionais e receitas ilustradas, São Paulo, Instituto Plantarum de Estudos da Flora, 2014.
Slow Food, A arca do gosto no Brasil: alimentos, conhecimentos e histórias do patrimônio gastronômico, São Paulo, Slow Food Editore, 2017.
Referência:
Valderly Ferreira Kinupp e Harri Lorenzi, Plantas Alimentícias não Convencionais (PANC) no Brasil: guia de identificação, aspectos nutricionais e receitas ilustradas, São Paulo, Instituto Plantarum de Estudos da Flora, 2014.
Slow Food, A arca do gosto no Brasil: alimentos, conhecimentos e histórias do patrimônio gastronômico, São Paulo, Slow Food Editore, 2017.
Il y a des millions d'années, en se déplaçant vers l'est sur les terres du Brésil, il était possible d'arriver en Afrique. Puisque ce récit remonte à l'Ère Paléozoïque, nous n'étions pas là, évidemment, pour profiter de cette proximité. Mais, en tant qu'outil poétique et politique, nous pouvons rêver de cette Pangée, en imaginant sur une assiette ou un recueil de mots un resserrement des liens entre les peuples originaires du Brésil et les Africains à travers un récit non-violent et décolonisé.
Le gombo, comme beaucoup d'ingrédients qui occupent une place centrale dans notre culture, est venu d'Afrique, possiblement d'Éthiopie, avec des peuples réduits en esclavage, au 17e siècle. Et ce que nous appelons potiron, à son tour, consiste en une large variété qui compose la famille des Cucurbitaceae. Ce qui importe ici, toutefois, c'est le fait qu'avant que le Brésil soit envahi par les colons portugais, les indigènes l’avaient déjà comme l'une de leurs cultures et l'un de leurs ingrédients les plus importants, juste après le manioc et le maïs.
PANGEIA (texte original en portugais)
Há milhões de anos, rumando à leste por terra no Brasil era possível chegar à África. Sendo essa narrativa de tempos que remontam à Era Paleozoica, não estávamos aqui, naturalmente, para desfrutar dessa proximidade. Mas, enquanto ferramenta poética e política, podemos sonhar com essa Pangeia, imaginando num prato ou apanhado de palavras um estreitamento de laços entre os povos originários brasileiros e os africanos por meio de uma narrativa não violenta e descolonizada.
O quiabo, como muitos dos ingredientes que ocupam um lugar central em nossa cultura, veio da África, possivelmente da Etiópia, junto aos povos escravizados, no século XVII. E o que chamamos de abóbora, por sua vez, consiste de uma ampla variedade que compõe a família das Cucurbitáceas. O que nos importa aqui, no entanto, é o fato de que, antes de o Brasil ser invadido por colonos portugueses, os indígenas já a tinham como um dos seus cultivos e ingredientes mais importantes, perdendo apenas para a mandioca e o milho.
Dans cette Pangée imaginaire proposée ici, ils se sont réunis sur une céramique, qui porte, on peut le penser, dans l'argile cuite à haute température, la mémoire de la terre chaude, chauffée par le magma. Un plat qui invite le temps géologique à rendre compte des récits qui traversent, parfois violemment, le temps humain.
Le gombo et le potiron forgent, cependant, des spécificités qu'ils ne présentent pas, puisque derrière la coquille qui les recouvre d'un nom se trouve un fouillis de variétés parfois programmatiquement oubliées. Dans ce plat, néanmoins, des variantes sont introduites, souvent en dehors du contexte commercial.
Nessa pangeia imaginária aqui proposta, uniram-se eles sobre uma cerâmica, que carrega, podemos pensar, no barro assado em alta temperatura, a memória da terra quente, aquecida pelo magma. Um prato que convida o tempo geológico para dar conta das narrativas que atravessam, por vezes com violência, o tempo humano.
Quiabo e abóbora aqui forjam, no entanto, especificidades que não comportam, visto que por traz da casca que os reveste de um nome há um alvoroço de variedades por vezes programaticamente esquecidas. Aqui neste prato são, no entanto, trazidas variantes escoadas muitas vezes para fora do escopo comercial.
Le gombo est connu par l'agricultrice Lúcia sous le nom de 7 Galho et lui est parvenu par les mains de sa mère, une femme aux vastes connaissances autour du jardin et de la cuisine. Le fruit a des angulations bien définies – en forme d'étoile, lorsqu'il est coupé –, il pousse comme un arbre, contrairement à d'autres de taille plus petite, et possède de grosses graines. En revanche, le potiron-cou-long, comme l'appelle la paysanne Vera, provient de graines créoles, une résistance perpétuée par plusieurs générations de sa famille et également partagée dans les combats agro-écologiques auxquels elle participe activement. Il a une forme de calebasse, une écpeauorce striée, une pulpe fibreuse et humide (il libère beaucoup d'eau lors de la cuisson). Ensemble, ils apportent comme assaisonnement à ce plat la saveur de la connaissance lorsqu'elle atteint le degré maximal de sa puissance: le partage.
O quiabo é conhecido pela agricultora Lúcia como 7 Galho e chegou a ela pelas mãos de sua mãe, mulher de largos conhecimentos em torno da horta e cozinha. Tem o fruto angulações bem definidas – formato estelar, quando laminado –, cresce como árvore, diferente de outros de porte menor, e possui sementes graúdas. Já a abóbora pescoço, como a chama a agricultura Vera, vem de semente crioula, uma resistência perpetuada por gerações de sua família e também partilhada nos meios de luta agroecológica dos quais ela participa ativamente. Tem um formato de cabaça, casca rajada, polpa fibrosa e úmida (libera bastante água durante o cozimento). Juntos, acrescem como tempero deste prato o sabor do conhecimento quando atinge o grau máximo de potência: a partilha.
Et en parlant de partenariat, dans les assiettes brésiliennes, le gombo et le potiron vont souvent ensemble. Presque toujours en ragoût, ou, comme on dit dans la région du Minas Gerais, « afogadinhos », une expression qui m'a toujours frappée de manière contradictoire. Si, d'une part, elle exerce sur moi le pouvoir de faire ressurgir des souvenirs gustatifs primordiaux, d'autre part, elle me provoque une sorte de frisson. Parce que, face à la curiosité de connaître d'autres récits et modes de préparation, lorsque vous demandez à une cuisinière traditionnelle comment elle utilise tel ou tel ingrédient, elle vous répondra: « afogadinho ». Autrement dit, si vous voulez en savoir plus sur cette cuisine, il vous faudra vivre un moment à côté de leurs cuisinières ou partager quelques litres de café avant d'accéder à l'univers diversifié des ragoûts. En outre, superficiellement, faire revenir/noyer, en bon portugais brésilien, signifie, en gros, mettre l'oignon et l'ail dans une poêle avec un peu de graisse et, normalement après, ajouter les autres éléments, peu importe lesquels.
E, por falar em parcerias, no prato do brasileiro o quiabo e a abóbora costumam caminhar juntos. Quase sempre refogados, ou, como dizem pelas bandas de Minas Gerais, “afogadinhos”, uma expressão que sempre me tocou de uma maneira contraditória. Se por um lado exerce sobre mim o poder de emergir memórias gustativas primordiais, por outro, me causa uma espécie de arrepio. Isso porque, diante da curiosidade de conhecer outras narrativas e modos de preparo, ao perguntar a uma cozinheira tradicional como ela usa determinado ingrediente, ela irá te responder: “afogadinho”. Ou seja, se você quer aprender mais sobre essa cozinha, vai precisar morar um tempo na beira do fogão delas ou compartilhar alguns litros de café antes de acessar o universo diversificado dos refogados. No mais, no raso, refogar/ afogar, em bom português brasileiro, significa, a grosso modo, levar a cebola e o alho à panela com alguma gordura e, normalmente depois, agregar os outros elementos, seja lá quais forem eles.
Là, face à l'inquiétude qui m'est naturelle, j'ai opté pour une autre voie. Sur les céramiques, vous verrez une purée de potiron avec de l'huile de palme et des traces de yaourt à la noix de coco, ainsi qu'une crème de noix de cajou fermentée, faisant écho aux souvenirs de la rencontre entre ces deux ingrédients, partenaires dans des plats tels que le bobó de camarão na moranga (une sorte de potiron) ou la confiture de potiron avec des flocons de noix de coco. Et sur ce lit assez délicieux pour y allonger la bouche, se trouvent les gombos, grillés avec des épices telles que les graines de coriandre et flambés avec de la cachaça et le “poivre de singe” indigène et parfumé. Et des gouttes de citron pour terminer et apporter de l'acidité au gombo, qui s'en trouve apaisé.
L'invitation est de plonger le gombo dans la purée et, en les amenant ensemble à la bouche, de les mâcher doucement, en appréciant l'effacement des frontières.
Por aqui, diante da inquietude que me é natural, optei por outro percurso. Sobre a cerâmica verão um purê de abóbora com dendê e rastros de iogurte de coco, junto a um creme de castanha de caju, fermentado, ressoando memórias de encontro entre esses dois ingredientes, parceiros em pratos como o bobó de camarão na moranga (tipo de abóbora) ou doce de abóbora com lascas de coco. E sobre essa cama gostosa de deitar a boca estão os quiabos, grelhados com especiarias como a semente de coentro e flambados com cachaça e a pimenta de macaco, picante, perfumada e nativa. E gotas de limão para finalizar e trazer acidez ao quiabo, que se acalma com elas.
O convite é mergulhar o quiabo no purê e, trazendo-os juntos à boca, mastigá-los lentamente, apreciando o desmanche das fronteiras.
RECETTE
GOMBO FLAMBÉ
Gombos
Graines de coriandre
Poivre de singe
Sel selon goût
1 cuillère à soupe de cachaça
Mélasse de canne à sucre
Citron
RECEITA
QUIABO FLAMBADO
Quiabos
Semente de coentro
Pimenta de macaco
Sal a gosto
1 colher de cachaça
Melado de cana
Limão
Préparation:
Dans une poêle chauffée, placez les gombos coupés dans le sens de leur longueur et arrosez-les avec un filet d'huile d'olive. Ajoutez le sel et les épices, et une fois qu'ils sont mous, incorporez la cachaça. À ce moment, allumez le feu à l'intérieur de la casserole, faisant flamber les gombos. Assaisonnez avec de la mélasse de canne à sucre et une touche de citron.
Preparo:
Em uma frigideira aquecida dispor os quiabos cortados em forma longitudinal e regar com um fio de azeite. Acrescentar sal e os temperos e, quando já estiver macio, incorporar a cachaça. Neste momento, puxar o fogo para dentro da panela, flambando assim os quiabos. Finalizar com melado de cana e um toque de limão.
PURÉE
½ petit potiron
1 cuillère à soupe d'huile de palme
Sel
Graines de coriandre
Fleur de lanterne chinoise sèche
PURÊ
1/2 abóbora pequena
1 colher de azeite de dendê
Sal
Semente de coentro
Flor lanterna chinesa seca
Préparation:
Faire cuire le potiron et l'écraser à la fourchette jusqu'à ce qu'il soit lisse, en incorporant l'huile de palme et le sel. Le reste de l'assaisonnement est destiné au yaourt.
Preparo:
Cozinhar a abóbora e amassar com um garfo até ficar homogênea, incorporando azeite de dendê e sal. O restante do tempero ficará por conta do iogurte a seguir.
YAOURT À LA NOIX DE CAJOU AVEC DE LA NOIX DE COCO FRAÎCHE
200 grammes de noix de cajou
Pulpe de 1 noix de coco fraîche
Rejuvelac de riz complet
IOGURTE DE CASTANHA COM COCO FRESCO
200 gramas de castanha de caju
Polpa de 1 coco fresco
Rejuvelac de arroz integral
Préparation:
Après avoir fait tremper les noix de cajou pendant au moins 4 heures, jetez l'eau. Mixez les noix de cajou avec la pulpe de noix de coco fraîche et le minimum d'eau nécessaire. Une fois la crème faite, incorporez le rejuvelac (ou autre élément de fermentation) et patientez. Après la fermentation, ajouter le sel. Le yaourt a été superposé à la purée, pour qu’ils se mélangent un peu. Saupoudrez-le tout des fleurs de lanterne chinoise séchées et de graines de coriandre écrasées.
Preparo:
Depois de demolhar as castanhas por 4 horas no mínimo, descartar a água. Bater a castanha junto a polpa de coco fresco no liquidificador e o mínimo de água necessário. Feito o creme, incorporar o rejuvelac (ou outra isca para fermentação) e aguardar a ação do tempo. Depois de fermentado, colocar sal. O iogurte foi sobreposto ao purê, para que se misturem aos poucos. Salpicar sobre eles. Agregadas na forragem flores secas de lanterna-chinesa e sementes de coentro trituradas.
Il y a des millions d'années, en se déplaçant vers l'est sur les terres du Brésil, il était possible d'arriver en Afrique. Puisque ce récit remonte à l'Ère Paléozoïque, nous n'étions pas là, évidemment, pour profiter de cette proximité. Mais, en tant qu'outil poétique et politique, nous pouvons rêver de cette Pangée, en imaginant sur une assiette ou un recueil de mots un resserrement des liens entre les peuples originaires du Brésil et les Africains à travers un récit non-violent et décolonisé.
Le gombo, comme beaucoup d'ingrédients qui occupent une place centrale dans notre culture, est venu d'Afrique, possiblement d'Éthiopie, avec des peuples réduits en esclavage, au 17e siècle. Et ce que nous appelons potiron, à son tour, consiste en une large variété qui compose la famille des Cucurbitaceae. Ce qui importe ici, toutefois, c'est le fait qu'avant que le Brésil soit envahi par les colons portugais, les indigènes l’avaient déjà comme l'une de leurs cultures et l'un de leurs ingrédients les plus importants, juste après le manioc et le maïs.
PANGEIA (texte original en portugais)
Há milhões de anos, rumando à leste por terra no Brasil era possível chegar à África. Sendo essa narrativa de tempos que remontam à Era Paleozoica, não estávamos aqui, naturalmente, para desfrutar dessa proximidade. Mas, enquanto ferramenta poética e política, podemos sonhar com essa Pangeia, imaginando num prato ou apanhado de palavras um estreitamento de laços entre os povos originários brasileiros e os africanos por meio de uma narrativa não violenta e descolonizada.
O quiabo, como muitos dos ingredientes que ocupam um lugar central em nossa cultura, veio da África, possivelmente da Etiópia, junto aos povos escravizados, no século XVII. E o que chamamos de abóbora, por sua vez, consiste de uma ampla variedade que compõe a família das Cucurbitáceas. O que nos importa aqui, no entanto, é o fato de que, antes de o Brasil ser invadido por colonos portugueses, os indígenas já a tinham como um dos seus cultivos e ingredientes mais importantes, perdendo apenas para a mandioca e o milho.
Dans cette Pangée imaginaire proposée ici, ils se sont réunis sur une céramique, qui porte, on peut le penser, dans l'argile cuite à haute température, la mémoire de la terre chaude, chauffée par le magma. Un plat qui invite le temps géologique à rendre compte des récits qui traversent, parfois violemment, le temps humain.
Le gombo et le potiron forgent, cependant, des spécificités qu'ils ne présentent pas, puisque derrière la coquille qui les recouvre d'un nom se trouve un fouillis de variétés parfois programmatiquement oubliées. Dans ce plat, néanmoins, des variantes sont introduites, souvent en dehors du contexte commercial.
Nessa pangeia imaginária aqui proposta, uniram-se eles sobre uma cerâmica, que carrega, podemos pensar, no barro assado em alta temperatura, a memória da terra quente, aquecida pelo magma. Um prato que convida o tempo geológico para dar conta das narrativas que atravessam, por vezes com violência, o tempo humano.
Quiabo e abóbora aqui forjam, no entanto, especificidades que não comportam, visto que por traz da casca que os reveste de um nome há um alvoroço de variedades por vezes programaticamente esquecidas. Aqui neste prato são, no entanto, trazidas variantes escoadas muitas vezes para fora do escopo comercial.
Le gombo est connu par l'agricultrice Lúcia sous le nom de 7 Galho et lui est parvenu par les mains de sa mère, une femme aux vastes connaissances autour du jardin et de la cuisine. Le fruit a des angulations bien définies – en forme d'étoile, lorsqu'il est coupé –, il pousse comme un arbre, contrairement à d'autres de taille plus petite, et possède de grosses graines. En revanche, le potiron-cou-long, comme l'appelle la paysanne Vera, provient de graines créoles, une résistance perpétuée par plusieurs générations de sa famille et également partagée dans les combats agro-écologiques auxquels elle participe activement. Il a une forme de calebasse, une écpeauorce striée, une pulpe fibreuse et humide (il libère beaucoup d'eau lors de la cuisson). Ensemble, ils apportent comme assaisonnement à ce plat la saveur de la connaissance lorsqu'elle atteint le degré maximal de sa puissance: le partage.
O quiabo é conhecido pela agricultora Lúcia como 7 Galho e chegou a ela pelas mãos de sua mãe, mulher de largos conhecimentos em torno da horta e cozinha. Tem o fruto angulações bem definidas – formato estelar, quando laminado –, cresce como árvore, diferente de outros de porte menor, e possui sementes graúdas. Já a abóbora pescoço, como a chama a agricultura Vera, vem de semente crioula, uma resistência perpetuada por gerações de sua família e também partilhada nos meios de luta agroecológica dos quais ela participa ativamente. Tem um formato de cabaça, casca rajada, polpa fibrosa e úmida (libera bastante água durante o cozimento). Juntos, acrescem como tempero deste prato o sabor do conhecimento quando atinge o grau máximo de potência: a partilha.
Et en parlant de partenariat, dans les assiettes brésiliennes, le gombo et le potiron vont souvent ensemble. Presque toujours en ragoût, ou, comme on dit dans la région du Minas Gerais, « afogadinhos », une expression qui m'a toujours frappée de manière contradictoire. Si, d'une part, elle exerce sur moi le pouvoir de faire ressurgir des souvenirs gustatifs primordiaux, d'autre part, elle me provoque une sorte de frisson. Parce que, face à la curiosité de connaître d'autres récits et modes de préparation, lorsque vous demandez à une cuisinière traditionnelle comment elle utilise tel ou tel ingrédient, elle vous répondra: « afogadinho ». Autrement dit, si vous voulez en savoir plus sur cette cuisine, il vous faudra vivre un moment à côté de leurs cuisinières ou partager quelques litres de café avant d'accéder à l'univers diversifié des ragoûts. En outre, superficiellement, faire revenir/noyer, en bon portugais brésilien, signifie, en gros, mettre l'oignon et l'ail dans une poêle avec un peu de graisse et, normalement après, ajouter les autres éléments, peu importe lesquels.
E, por falar em parcerias, no prato do brasileiro o quiabo e a abóbora costumam caminhar juntos. Quase sempre refogados, ou, como dizem pelas bandas de Minas Gerais, “afogadinhos”, uma expressão que sempre me tocou de uma maneira contraditória. Se por um lado exerce sobre mim o poder de emergir memórias gustativas primordiais, por outro, me causa uma espécie de arrepio. Isso porque, diante da curiosidade de conhecer outras narrativas e modos de preparo, ao perguntar a uma cozinheira tradicional como ela usa determinado ingrediente, ela irá te responder: “afogadinho”. Ou seja, se você quer aprender mais sobre essa cozinha, vai precisar morar um tempo na beira do fogão delas ou compartilhar alguns litros de café antes de acessar o universo diversificado dos refogados. No mais, no raso, refogar/ afogar, em bom português brasileiro, significa, a grosso modo, levar a cebola e o alho à panela com alguma gordura e, normalmente depois, agregar os outros elementos, seja lá quais forem eles.
Là, face à l'inquiétude qui m'est naturelle, j'ai opté pour une autre voie. Sur les céramiques, vous verrez une purée de potiron avec de l'huile de palme et des traces de yaourt à la noix de coco, ainsi qu'une crème de noix de cajou fermentée, faisant écho aux souvenirs de la rencontre entre ces deux ingrédients, partenaires dans des plats tels que le bobó de camarão na moranga (une sorte de potiron) ou la confiture de potiron avec des flocons de noix de coco. Et sur ce lit assez délicieux pour y allonger la bouche, se trouvent les gombos, grillés avec des épices telles que les graines de coriandre et flambés avec de la cachaça et le “poivre de singe” indigène et parfumé. Et des gouttes de citron pour terminer et apporter de l'acidité au gombo, qui s'en trouve apaisé.
L'invitation est de plonger le gombo dans la purée et, en les amenant ensemble à la bouche, de les mâcher doucement, en appréciant l'effacement des frontières.
Por aqui, diante da inquietude que me é natural, optei por outro percurso. Sobre a cerâmica verão um purê de abóbora com dendê e rastros de iogurte de coco, junto a um creme de castanha de caju, fermentado, ressoando memórias de encontro entre esses dois ingredientes, parceiros em pratos como o bobó de camarão na moranga (tipo de abóbora) ou doce de abóbora com lascas de coco. E sobre essa cama gostosa de deitar a boca estão os quiabos, grelhados com especiarias como a semente de coentro e flambados com cachaça e a pimenta de macaco, picante, perfumada e nativa. E gotas de limão para finalizar e trazer acidez ao quiabo, que se acalma com elas.
O convite é mergulhar o quiabo no purê e, trazendo-os juntos à boca, mastigá-los lentamente, apreciando o desmanche das fronteiras.
RECETTE
GOMBO FLAMBÉ
Gombos
Graines de coriandre
Poivre de singe
Sel selon goût
1 cuillère à soupe de cachaça
Mélasse de canne à sucre
Citron
RECEITA
QUIABO FLAMBADO
Quiabos
Semente de coentro
Pimenta de macaco
Sal a gosto
1 colher de cachaça
Melado de cana
Limão
Préparation:
Dans une poêle chauffée, placez les gombos coupés dans le sens de leur longueur et arrosez-les avec un filet d'huile d'olive. Ajoutez le sel et les épices, et une fois qu'ils sont mous, incorporez la cachaça. À ce moment, allumez le feu à l'intérieur de la casserole, faisant flamber les gombos. Assaisonnez avec de la mélasse de canne à sucre et une touche de citron.
Preparo:
Em uma frigideira aquecida dispor os quiabos cortados em forma longitudinal e regar com um fio de azeite. Acrescentar sal e os temperos e, quando já estiver macio, incorporar a cachaça. Neste momento, puxar o fogo para dentro da panela, flambando assim os quiabos. Finalizar com melado de cana e um toque de limão.
PURÉE
½ petit potiron
1 cuillère à soupe d'huile de palme
Sel
Graines de coriandre
Fleur de lanterne chinoise sèche
PURÊ
1/2 abóbora pequena
1 colher de azeite de dendê
Sal
Semente de coentro
Flor lanterna chinesa seca
Préparation:
Faire cuire le potiron et l'écraser à la fourchette jusqu'à ce qu'il soit lisse, en incorporant l'huile de palme et le sel. Le reste de l'assaisonnement est destiné au yaourt.
Preparo:
Cozinhar a abóbora e amassar com um garfo até ficar homogênea, incorporando azeite de dendê e sal. O restante do tempero ficará por conta do iogurte a seguir.
YAOURT À LA NOIX DE CAJOU AVEC DE LA NOIX DE COCO FRAÎCHE
200 grammes de noix de cajou
Pulpe de 1 noix de coco fraîche
Rejuvelac de riz complet
IOGURTE DE CASTANHA COM COCO FRESCO
200 gramas de castanha de caju
Polpa de 1 coco fresco
Rejuvelac de arroz integral
Préparation:
Après avoir fait tremper les noix de cajou pendant au moins 4 heures, jetez l'eau. Mixez les noix de cajou avec la pulpe de noix de coco fraîche et le minimum d'eau nécessaire. Une fois la crème faite, incorporez le rejuvelac (ou autre élément de fermentation) et patientez. Après la fermentation, ajouter le sel. Le yaourt a été superposé à la purée, pour qu’ils se mélangent un peu. Saupoudrez-le tout des fleurs de lanterne chinoise séchées et de graines de coriandre écrasées.
Preparo:
Depois de demolhar as castanhas por 4 horas no mínimo, descartar a água. Bater a castanha junto a polpa de coco fresco no liquidificador e o mínimo de água necessário. Feito o creme, incorporar o rejuvelac (ou outra isca para fermentação) e aguardar a ação do tempo. Depois de fermentado, colocar sal. O iogurte foi sobreposto ao purê, para que se misturem aos poucos. Salpicar sobre eles. Agregadas na forragem flores secas de lanterna-chinesa e sementes de coentro trituradas.
Les indigènes Jamamadi, qui vivent entre l'Amazonas et l'Acre, ont l'habitude de se rendre à pied pour aller kakatoma, « regarder les plantes ». Ils marchent en observant leur environnement, le temps lié aux diverses récoltes, pour la consommation, l’élaboration et la préparation de médicaments. Ils ne marchent jamais dans un but purement utilitaire. Lors de ce parcours, ils apprécient la compagnie des végétaux et la beauté de leur évolution. En même temps, ces derniers servent d'accès aux différents récits élaborés par les nombreuses générations et les ancêtres de différentes espèces qui composent de manière vive ce paysage et qui, ici, ne constitue pas un autre (objet du regard). Les mêmes références appliquées à l'homme sont utilisées pour nommer le cycle de développement des plantes, qui ne consistent pas en une simple métaphore entre "anthropomorphiser les plantes et métaphoriser l'humain", de sorte que "là où tout est humain, l'humain est une seule chose"¹.
KAKATOMA (texte original en portugais)
Os indígenas Jamamadi, que vivem entre o Amazonas e Acre, têm em seu cotidiano o costume de caminhar para kakatoma, “olhar as plantas”. Caminham na observação do entorno, do tempo de colheitas diversas, para consumo, construção, produção de medicamentos, mas não com um cunho puramente utilitário. Aprecia-se nesse percurso as companhias vegetais e a beleza de seu desenvolvimento, bem como servem de acesso às narrativas diversas constituídas por gerações, antepassados de toda espécie que compõem vivamente a paisagem, que aqui não constitui um outro (objeto do olhar). Para nomear o ciclo de desenvolvimento vegetal são usados os mesmos referenciais aplicados aos humanos, o que não consiste de uma simples metáfora, estando entre a “antropomorfização das plantas e a metaforização vegetal do humano”, de modo que “ali onde toda coisa é humana, o humano é toda uma coisa só”¹.
Sans considérée comme épuisée la perspective de vie beaucoup plus complexe des Jamamadi, j'emprunte ici la kakatoma comme une invitation, un prism qui ouvre une perspective de relation inter-espèces très distincte de celle que nous, humains habitants de la métropole, possédons, en commençant par la croyance que la nature est un lieu que nous pouvons visiter, un paysage, un autre nous.
Pressés, nous marchons souvent distraits dans les rues, les considérant comme des zones de passage qui nous mèneront quelque part, ce quelque part étant le destin, compris comme le but du parcours. En me promenant dans la ville, j'ai pris l'habitude, en tant que personne intéressée par la biodiversité alimentaire, de marcher en portant un regard élargi vers le haut et vers le bas, dirigé vers les fissures des trottoirs, les plates-bandes et la cime des arbres. Au milieu du béton qui caractérise l'espace urbain, j'ai appris à tuer la nostalgie du paysage verdoyant en essayant de me reconnaître comme faisant partie de ce biome. Dans celui-ci, il est possible de trouver des récits historiques et architecturaux qui ont favorisé la composition des plates-bandes et des places, mais aussi d'autres moins bruyants, pour des oreilles distraites, de résidents qui semaient leurs légumes ou leurs fruits préférés près de chez eux, ainsi que des récits de végétaux et d’animaux, qui évoquent des plantes qui, qu'elles soient indigènes ou non, possèdent un énorme pouvoir de résistance et d'adaptation à ce territoire et trouvent dans les oiseaux et les insectes des moyens tout aussi résistants de se propager dans l'espace : « Une fleur est née dans la rue ! / Gardez vos distances… tramways, bus, fleuve d'acier de la circulation! [...] C'est moche. Mais c'est une fleur. Elle a percé l'asphalte, l'ennui, le dégoût et la haine », a dit mieux que moi le poète Carlos Drummond de Andrade dans A rosa do povo.
Sem dar por esgotada a perspectiva de vida muito mais complexa dos Jamamadi, tomo aqui emprestada a kakatoma como convite, lente que abre uma perspectiva de relação interespecífica muito diversa da que nós, humanos habitantes da metrópole, possuímos, a começar pela crença de que a natureza é um lugar que podemos visitar, uma paisagem, um outro que não nós mesmos.
Apressados, andamos geralmente distraídos pelas ruas, encarando-as como áreas de passagem que nos levarão a algum lugar, este sim o destino, tomado como foco do percurso. Caminhando pela cidade adquiri como pessoa interessada pela biodiversidade alimentar o hábito de caminhar com o olhar ampliado para cima e para baixo, dirigido às rachaduras das calçadas, aos canteiros e às copas das árvores. Em meio ao concreto que caracteriza o espaço urbano, aprendi a matar a saudade da paisagem verdejante buscando me reconhecer como parte desse bioma. Nele, é possível encontrar narrativas históricas e arquitetônicas que promoveram a composição dos canteiros e praças, mas também outras menos barulhentas, para ouvidos desatentos, de moradores que semearam suas verduras ou frutas favoritas perto de suas casas, bem como as narrativas vegetais e animais, que dizem de plantas que, nativas ou não, possuem enorme poder de resistência e adaptabilidade a este território e encontram nos pássaros e insetos igualmente resistentes meios de se difundirem no espaço: “ Uma flor nasceu na rua!/ Passem de longe, bondes, ônibus, rio de aço do tráfego. [...] É feia. Mas é uma flor. Furou o asfalto, o tédio, o nojo e o ódio”, disse melhor que eu o poeta Carlos Drummond de Andrade em A rosa do povo.
En se promenant dans les arrière-cours productives et les potagers, on trouve une série de correspondances entre cet arsenal urbain dispersé et ce qui se sème ou germe en dépit de toute invitation. Et ici, dans cette salade richement composée, on retrouve plusieurs de ces espèces, telles que le maria-gorda, le pourpier, le laiteron maraîcher, l’almeirão roxo, le vinaigrier, la buva, le plantain, entre autres. À côté d'eux, la racine aérienne de baselle, qui a une saveur similaire à celle du cará mais avec une forme rustique que nous pouvons appeler colonie tubéreuse, une conserve fermentée de concombre doux, qu’on trouve généralement dans les foires et dans les marchés de résistance au latifundias, les graines de aroeira vert également fermentées et dotées d'une fraîcheur impressionnante, et les fleurs de Bougainville, qui, malgré son nom, est originaire du Brésil. Ces deux dernières, cependant, ont été les seules à être effectivement collectées, tandis que les autres, rampantes et davantage victimes de l'insalubrité, ne servent qu'à être regardées ou bouturés de sorte qu'elles ont été recueillies dans les jardins des gardiennes de la biodiversité Lúcia et Vera.
Caminhando pelos quintais produtivos e hortas, encontramos uma série de correspondências entre esse arsenal disperso urbano e aquilo que se semeia ou brota à despeito de qualquer convite. E aqui, nesta salada diversificada, encontram-se muitas dessas espécies, como maria-gorda, beldroega, serralha, almeirão roxo, vinagreira, buva, tanchagem, entre outras. Além delas, a raiz aérea da bertalha, que possui um sabor similar ao do cará, mas com uma forma rústica que podemos chamar de colônia tuberosa, uma conserva fermentada de pepino doce, encontrado geralmente em feiras e mercados de resistência ao latifúndio, sementes de aroeira verdes, também fermentadas e dotadas de frescor impressionante, e flores de Bougainville, que, apesar do nome, é nativa brasileira. Estas duas últimas, no entanto, foram as únicas de fato coletadas, enquanto as outras, rasteiras e mais vitimadas pela insalubridade, servem apenas ao olhar ou como mudas, de modo que foram colhidas nas hortas das guardiãs da biodiversidade Lúcia e Vera.
Sur la salade, on arrose également une sauce de cajá-manga. Un fruit qui, bien qu'originaire de Polynésie, s'est bien adapté au territoire brésilien, notamment dans le Nord-Est, faisant partie des milliers de fruits brésiliens qui sont peu présents dans les grands centres commerciaux et plus faciles à trouver sur les marchés de producteurs. Après l'avoir trouvé pour la première fois sur un marché près de chez moi, je l'ai apporté comme mémoire de la grande diversité de fruits que nous détenons, alors que nous sommes de plus en plus englués dans un petit groupe d'espèces choisies par la sélection globale. Un fruit à manger dans le jardin ou, qui sait, sous l'arbre, en se rafraîchissant et en se léchant les doigts dans la rue lors d'une journée chaude. Récit possible.
Un humain, une bête habillée, se promène dans la ville. Il aperçoit un arbre et, sur celui-ci, un fruit mûr. Il tend la main, l'épluche, le mord, laissant les tiges passer entre les dents et le jus couler sur le menton, dégoulinant sur la chemise. Lorsque la pulpe est terminée, il remercie la rencontre, recrache la graine, se rappelle qu'il est un semeur.
Sobre a salada é regado ainda um molho de cajá-manga, uma fruta que, embora venha da Polinésia, tem enorme adaptação no território brasileiro, sobretudo no Nordeste, sendo uma entre as milhares de frutas do brasil que têm pouca presença em grandes centros comerciais, mais fáceis de se achar em feiras de produtores. Tendo a encontrado de modo inédito em um mercado próximo de casa, a trouxe como memória da vasta diversidade de frutas que possuímos, ao passo que estamos cada vez mais enredados por um pequeno grupo de espécies selecionadas pela seleção global. Fruta de comer no quintal ou, quem sabe, debaixo da árvore, se refrescando e lambuzando na rua num dia quente. Narrativa possível.
Um humano, bicho de roupa, caminha pela cidade. Avista uma árvore e, nela, uma fruta madura. Estica a mão, descasca, morde permitindo os fiamos entre os dentes e o sumo escorrido no queixo, gotejando a camisa. Terminada a polpa, agradece o encontro, cospe-lhe a semente, relembra-se semeador.
RECETTE
SALADE
Feuilles de maria-gorda, pourpier, laiteron maraîcher, almeirão roxo, vinaigrier et buva
Racine de baselle
Conserve d’aroeira vert
Conserve de concombre doux
RECEITA
SALADA
Folhas de maria-gorda, beldroega, serralha, almeirão roxo, vinagreira e buva
Raiz de bertalha
Conserva de aroeira verde
Conserva de pepino doce
Préparation :
Faire cuire la racine de baselle avec du sel. Arrachez les feuilles les plus grandes, en gardant la forme des plus petites. Ajoutez la conserve fermentée de concombre doux et d'aroeira vert (après avoir été immergée pendant 3 jours dans une saumure en verre, dans la proportion d'une cuillère de sel pour ½ litre d'eau). Additionnez la racine.
Preparo:
Cozinhar a raiz de bertalha com sal, levar à frigideira e reservar. Rasgar as folhas maiores e preservar o formato das menores. Somar ao preparo as conservas de pepino doce e aroeira verde, fermentadas (depois de passarem 3 dias imersas dentro e um vidro em uma salmoura, na proporção de uma colher de sal com ½ litro de água). Agregar a raiz.
SAUCE
3 cajá-manga
1 cuillère à soupe de mélasse de canne à sucre
2 cuillères à soupe d'huile d'olive
½ citron
MOLHO
3 Cajá-manga
1 coler de melado de cana
2 colheres de azeite
½ limão
Préparation:
Après avoir retiré la peau des fruits, frottez-les sur une passoire pour en détacher le jus. Ajoutez les autres ingrédients à l'aide d'une fourchette ou d'un fouet. Versez sur toute la salade.
Preparo:
Depois de retirar a casca dos frutos, esfregá-los sobre uma peneira para desprender o suco. Agregar os outros ingredientes usando um garfo ou fouet. Derramar sobre toda a salada.
¹ Karen Shiratori, “Vegetalidade humana e o medo do olhar feminino”, in Vozes Vegetais, São Paulo, Ubu Editora, 2020.
Les indigènes Jamamadi, qui vivent entre l'Amazonas et l'Acre, ont l'habitude de se rendre à pied pour aller kakatoma, « regarder les plantes ». Ils marchent en observant leur environnement, le temps lié aux diverses récoltes, pour la consommation, l’élaboration et la préparation de médicaments. Ils ne marchent jamais dans un but purement utilitaire. Lors de ce parcours, ils apprécient la compagnie des végétaux et la beauté de leur évolution. En même temps, ces derniers servent d'accès aux différents récits élaborés par les nombreuses générations et les ancêtres de différentes espèces qui composent de manière vive ce paysage et qui, ici, ne constitue pas un autre (objet du regard). Les mêmes références appliquées à l'homme sont utilisées pour nommer le cycle de développement des plantes, qui ne consistent pas en une simple métaphore entre "anthropomorphiser les plantes et métaphoriser l'humain", de sorte que "là où tout est humain, l'humain est une seule chose"¹.
KAKATOMA (texte original en portugais)
Os indígenas Jamamadi, que vivem entre o Amazonas e Acre, têm em seu cotidiano o costume de caminhar para kakatoma, “olhar as plantas”. Caminham na observação do entorno, do tempo de colheitas diversas, para consumo, construção, produção de medicamentos, mas não com um cunho puramente utilitário. Aprecia-se nesse percurso as companhias vegetais e a beleza de seu desenvolvimento, bem como servem de acesso às narrativas diversas constituídas por gerações, antepassados de toda espécie que compõem vivamente a paisagem, que aqui não constitui um outro (objeto do olhar). Para nomear o ciclo de desenvolvimento vegetal são usados os mesmos referenciais aplicados aos humanos, o que não consiste de uma simples metáfora, estando entre a “antropomorfização das plantas e a metaforização vegetal do humano”, de modo que “ali onde toda coisa é humana, o humano é toda uma coisa só”¹.
Sans considérée comme épuisée la perspective de vie beaucoup plus complexe des Jamamadi, j'emprunte ici la kakatoma comme une invitation, un prism qui ouvre une perspective de relation inter-espèces très distincte de celle que nous, humains habitants de la métropole, possédons, en commençant par la croyance que la nature est un lieu que nous pouvons visiter, un paysage, un autre nous.
Pressés, nous marchons souvent distraits dans les rues, les considérant comme des zones de passage qui nous mèneront quelque part, ce quelque part étant le destin, compris comme le but du parcours. En me promenant dans la ville, j'ai pris l'habitude, en tant que personne intéressée par la biodiversité alimentaire, de marcher en portant un regard élargi vers le haut et vers le bas, dirigé vers les fissures des trottoirs, les plates-bandes et la cime des arbres. Au milieu du béton qui caractérise l'espace urbain, j'ai appris à tuer la nostalgie du paysage verdoyant en essayant de me reconnaître comme faisant partie de ce biome. Dans celui-ci, il est possible de trouver des récits historiques et architecturaux qui ont favorisé la composition des plates-bandes et des places, mais aussi d'autres moins bruyants, pour des oreilles distraites, de résidents qui semaient leurs légumes ou leurs fruits préférés près de chez eux, ainsi que des récits de végétaux et d’animaux, qui évoquent des plantes qui, qu'elles soient indigènes ou non, possèdent un énorme pouvoir de résistance et d'adaptation à ce territoire et trouvent dans les oiseaux et les insectes des moyens tout aussi résistants de se propager dans l'espace : « Une fleur est née dans la rue ! / Gardez vos distances… tramways, bus, fleuve d'acier de la circulation! [...] C'est moche. Mais c'est une fleur. Elle a percé l'asphalte, l'ennui, le dégoût et la haine », a dit mieux que moi le poète Carlos Drummond de Andrade dans A rosa do povo.
Sem dar por esgotada a perspectiva de vida muito mais complexa dos Jamamadi, tomo aqui emprestada a kakatoma como convite, lente que abre uma perspectiva de relação interespecífica muito diversa da que nós, humanos habitantes da metrópole, possuímos, a começar pela crença de que a natureza é um lugar que podemos visitar, uma paisagem, um outro que não nós mesmos.
Apressados, andamos geralmente distraídos pelas ruas, encarando-as como áreas de passagem que nos levarão a algum lugar, este sim o destino, tomado como foco do percurso. Caminhando pela cidade adquiri como pessoa interessada pela biodiversidade alimentar o hábito de caminhar com o olhar ampliado para cima e para baixo, dirigido às rachaduras das calçadas, aos canteiros e às copas das árvores. Em meio ao concreto que caracteriza o espaço urbano, aprendi a matar a saudade da paisagem verdejante buscando me reconhecer como parte desse bioma. Nele, é possível encontrar narrativas históricas e arquitetônicas que promoveram a composição dos canteiros e praças, mas também outras menos barulhentas, para ouvidos desatentos, de moradores que semearam suas verduras ou frutas favoritas perto de suas casas, bem como as narrativas vegetais e animais, que dizem de plantas que, nativas ou não, possuem enorme poder de resistência e adaptabilidade a este território e encontram nos pássaros e insetos igualmente resistentes meios de se difundirem no espaço: “ Uma flor nasceu na rua!/ Passem de longe, bondes, ônibus, rio de aço do tráfego. [...] É feia. Mas é uma flor. Furou o asfalto, o tédio, o nojo e o ódio”, disse melhor que eu o poeta Carlos Drummond de Andrade em A rosa do povo.
En se promenant dans les arrière-cours productives et les potagers, on trouve une série de correspondances entre cet arsenal urbain dispersé et ce qui se sème ou germe en dépit de toute invitation. Et ici, dans cette salade richement composée, on retrouve plusieurs de ces espèces, telles que le maria-gorda, le pourpier, le laiteron maraîcher, l’almeirão roxo, le vinaigrier, la buva, le plantain, entre autres. À côté d'eux, la racine aérienne de baselle, qui a une saveur similaire à celle du cará mais avec une forme rustique que nous pouvons appeler colonie tubéreuse, une conserve fermentée de concombre doux, qu’on trouve généralement dans les foires et dans les marchés de résistance au latifundias, les graines de aroeira vert également fermentées et dotées d'une fraîcheur impressionnante, et les fleurs de Bougainville, qui, malgré son nom, est originaire du Brésil. Ces deux dernières, cependant, ont été les seules à être effectivement collectées, tandis que les autres, rampantes et davantage victimes de l'insalubrité, ne servent qu'à être regardées ou bouturés de sorte qu'elles ont été recueillies dans les jardins des gardiennes de la biodiversité Lúcia et Vera.
Caminhando pelos quintais produtivos e hortas, encontramos uma série de correspondências entre esse arsenal disperso urbano e aquilo que se semeia ou brota à despeito de qualquer convite. E aqui, nesta salada diversificada, encontram-se muitas dessas espécies, como maria-gorda, beldroega, serralha, almeirão roxo, vinagreira, buva, tanchagem, entre outras. Além delas, a raiz aérea da bertalha, que possui um sabor similar ao do cará, mas com uma forma rústica que podemos chamar de colônia tuberosa, uma conserva fermentada de pepino doce, encontrado geralmente em feiras e mercados de resistência ao latifúndio, sementes de aroeira verdes, também fermentadas e dotadas de frescor impressionante, e flores de Bougainville, que, apesar do nome, é nativa brasileira. Estas duas últimas, no entanto, foram as únicas de fato coletadas, enquanto as outras, rasteiras e mais vitimadas pela insalubridade, servem apenas ao olhar ou como mudas, de modo que foram colhidas nas hortas das guardiãs da biodiversidade Lúcia e Vera.
Sur la salade, on arrose également une sauce de cajá-manga. Un fruit qui, bien qu'originaire de Polynésie, s'est bien adapté au territoire brésilien, notamment dans le Nord-Est, faisant partie des milliers de fruits brésiliens qui sont peu présents dans les grands centres commerciaux et plus faciles à trouver sur les marchés de producteurs. Après l'avoir trouvé pour la première fois sur un marché près de chez moi, je l'ai apporté comme mémoire de la grande diversité de fruits que nous détenons, alors que nous sommes de plus en plus englués dans un petit groupe d'espèces choisies par la sélection globale. Un fruit à manger dans le jardin ou, qui sait, sous l'arbre, en se rafraîchissant et en se léchant les doigts dans la rue lors d'une journée chaude. Récit possible.
Un humain, une bête habillée, se promène dans la ville. Il aperçoit un arbre et, sur celui-ci, un fruit mûr. Il tend la main, l'épluche, le mord, laissant les tiges passer entre les dents et le jus couler sur le menton, dégoulinant sur la chemise. Lorsque la pulpe est terminée, il remercie la rencontre, recrache la graine, se rappelle qu'il est un semeur.
Sobre a salada é regado ainda um molho de cajá-manga, uma fruta que, embora venha da Polinésia, tem enorme adaptação no território brasileiro, sobretudo no Nordeste, sendo uma entre as milhares de frutas do brasil que têm pouca presença em grandes centros comerciais, mais fáceis de se achar em feiras de produtores. Tendo a encontrado de modo inédito em um mercado próximo de casa, a trouxe como memória da vasta diversidade de frutas que possuímos, ao passo que estamos cada vez mais enredados por um pequeno grupo de espécies selecionadas pela seleção global. Fruta de comer no quintal ou, quem sabe, debaixo da árvore, se refrescando e lambuzando na rua num dia quente. Narrativa possível.
Um humano, bicho de roupa, caminha pela cidade. Avista uma árvore e, nela, uma fruta madura. Estica a mão, descasca, morde permitindo os fiamos entre os dentes e o sumo escorrido no queixo, gotejando a camisa. Terminada a polpa, agradece o encontro, cospe-lhe a semente, relembra-se semeador.
RECETTE
SALADE
Feuilles de maria-gorda, pourpier, laiteron maraîcher, almeirão roxo, vinaigrier et buva
Racine de baselle
Conserve d’aroeira vert
Conserve de concombre doux
RECEITA
SALADA
Folhas de maria-gorda, beldroega, serralha, almeirão roxo, vinagreira e buva
Raiz de bertalha
Conserva de aroeira verde
Conserva de pepino doce
Préparation :
Faire cuire la racine de baselle avec du sel. Arrachez les feuilles les plus grandes, en gardant la forme des plus petites. Ajoutez la conserve fermentée de concombre doux et d'aroeira vert (après avoir été immergée pendant 3 jours dans une saumure en verre, dans la proportion d'une cuillère de sel pour ½ litre d'eau). Additionnez la racine.
Preparo:
Cozinhar a raiz de bertalha com sal, levar à frigideira e reservar. Rasgar as folhas maiores e preservar o formato das menores. Somar ao preparo as conservas de pepino doce e aroeira verde, fermentadas (depois de passarem 3 dias imersas dentro e um vidro em uma salmoura, na proporção de uma colher de sal com ½ litro de água). Agregar a raiz.
SAUCE
3 cajá-manga
1 cuillère à soupe de mélasse de canne à sucre
2 cuillères à soupe d'huile d'olive
½ citron
MOLHO
3 Cajá-manga
1 coler de melado de cana
2 colheres de azeite
½ limão
Préparation:
Après avoir retiré la peau des fruits, frottez-les sur une passoire pour en détacher le jus. Ajoutez les autres ingrédients à l'aide d'une fourchette ou d'un fouet. Versez sur toute la salade.
Preparo:
Depois de retirar a casca dos frutos, esfregá-los sobre uma peneira para desprender o suco. Agregar os outros ingredientes usando um garfo ou fouet. Derramar sobre toda a salada.
¹ Karen Shiratori, “Vegetalidade humana e o medo do olhar feminino”, in Vozes Vegetais, São Paulo, Ubu Editora, 2020.
Parfois, les savoirs peuvent être cachés ou oubliés, comme de vielles affaires dans un grenier poussiéreux. L'art peut aider à le révéler, en invitant les spectateur·rice·s à réfléchir sur ces sujets qui sont tombées dans l’oubli. Cet article décrit une approche artistique visant à (re)découvrir des connaissances et des savoir-faire oubliés, avec des suggestions pratiques et théoriques pour leurs reproduction et transmission.
C'est une ferme abandonnée qui a tout déclenché. Deux amies, toutes deux artistes de la plus grande banlieue des Pays-Bas, ont été fascinées par ce bâtiment. Que fait une vieille ferme juste à côté du centre commercial de Leidsche Rijn ? Elles décident d'enquêter et entament une conversation avec le propriétaire. "Qui êtes-vous ?" La réponse le rassure. Ça lui allait qu’elles soient artistes. Oui, lui, c'est le propriétaire, un agriculteur qui ne cultive plus ici.
Un échange s'engage, soulevant d'autres questions. Les artistes décident d'en faire un projet. L'une est architecte et l'autre artiste culinaire. Les deux femmes sont fascinées par l'histoire de la ferme et les récits de l'agriculteur. Elles décident de lui demander si elles peuvent utiliser la ferme pour un projet artistique. Finalement, il accepte, et les artistes obtiennent l’accès à ce bâtiment qui a une histoire remontant au Moyen Âge.
Après s'être installées à la ferme, les artistes commencent leur exploration et ouvrent les portes au public. Les client·e·s du centre commercial sont invité·e·s à entrer, à prendre un café ou un thé ensemble, à parler de ce lieu insolite dans leur quartier résidentiel et de la façon dont il·elle·s pourraient y être lié·e·s. Après quelques mois, il y a des ateliers et des excursions pour les enfants et les adultes, des débats et du brassage de bière. Les résidentes sont occupées à faire pousser du houblon et des légumes dans la cour, tout en construisant des places de jeu et un poulailler. En même temps, des installations artistiques sont créées et exposées.
Les communs sont des ressources culturelles et naturelles partagées par tout·e·s les membres d'une communauté : les forêts, l'eau, les pâturages, mais aussi les livres et le savoir lui-même. Ces ressources sont gérées conjointement dans les communs, où il n'y a pas de propriété privée. Les communs avaient déjà été décrits au Moyen Âge, mais ils constituent en fait la manière "normale" de vivre ensemble. Au fil des siècles, les communs ont largement disparu, généralement corrompus par l'appropriation.
La vie florissait dans la ferme abandonnée du Leidsche Rijn. Ceci jusqu'à un événement inattendu: Le fermier la vendit. Mais ce qui semblait être un obstacle s'est avéré être un atout majeur. En l'absence d'une vraie ferme comme lieu permanent, les artistes ont mis sur roues leur projet et ont créé le Travelling Farm Museum of Forgotten Skills. Une réplique miniature de la ferme a été construite sur un vieux vélo cargo, servant de nouvelle base, et toutes sortes d'ateliers et d'excursions nomades sont désormais organisés à l'aide de ce musée mobile.
En ce qui concerne l'agriculture, les activités du musée changent avec les saisons. En hiver, on réfléchit aux projets précédents et élabore de nouveaux plans. Au printemps, de nouvelles activités sont mises en place et partagées avec des publics potentiels pour travailler progressivement avec les participant·e·s jusqu'à la fin de l'été, lorsque la récolte est célébrée ensemble.
Les artistes traversent le quartier à vélo avec leur installation mobile et s'arrêtent régulièrement pour discuter avec les habitant·e·s curieux·se·s. "Que mangez-vous ce soir ?", "Savez-vous à quoi ressemblait cet endroit autrefois ?" Des questions simples pour ouvrir une conversation dans laquelle l'écoute et l'apprentissage de l'autre sont primordiaux. Le produit de ces rencontres constitue la collection du musée. Des recettes, des connaissances sur les graines et les fruits, la cultivation des légumes, les soins des animaux, des livres, des magazines et de vieilles photos retracent l'histoire de la région. Tout est rassemblé dans le vélo cargo, afin d'être partagé à nouveau lors de nouvelles rencontres.
(Audio en anglais)
Les thèmes centraux du Travelling Farm Museum of Forgotten Skills sont l'écologie et le patrimoine, mais quelque chose d'autre précède cela : la prise de conscience qu'approfondir une conversation n'est possible que si l'on peut interagir avec le public en premier lieu. Ce n'est que lorsque nous nous rencontrons physiquement que le véritable intérêt, les questions et les histoires apparaissent.
Laisser apparaitre plutôt que chercher. En général, la recherche implique une forte concentration et un objectif qui doit être atteint. Laisser apparaitre, en revanche, est un état d'alerte aux choses qui croisent accidentellement votre chemin. L'ambition des artistes consiste à (dés)apprendre ensemble les choses que l'on rencontre. Elles créent des circonstances dans lesquelles le public est invité à s'arrêter, à poser des questions, à raconter des histoires et à constater que leurs contributions est appréciée.
Dès lors que la dynamique se fait d'égal à égal, un autre principe important devient visible: chaque découverte s'accompagne de partage. Il n'y a pas de privilège en question, juste une reconnaissance mutuelle et un engagement. Á partir de cette dynamique de découverte et de partage, une structure d'échange et de transfert de connaissances fructueuse peut être construite. C'est un processus délicat. Après tout, nous sommes tout·e·s s formé·e·s s dans un système où la certitude est valorisée plus que le doute. Nous n'avons pas encore appris à laisser apparaitre au lieu de chercher.
(Audio en anglais)
Les artistes du Travelling Farm Museum of Forgotten Skills ont fait de cette prémisse leur travail. En suspendant la recherche de la certitude et en donnant de l'espace au doute et au hasard, le spontané surgit. Grâce à un mélange de langage, d'expression et d'attitude ouverte, elles trouvent des réponses et de nouvelles questions avec leur public. C'est un processus artistique qui consiste à apprendre et à désapprendre ensemble.
*Cet article a été partiellement publié (en néerlandais) dans le magazine nY #47 - 2022.
Erik Uitenbogaard
Le Travelling Farm Museum of Forgotten Skills est une collaboration entre les Outsiders et l'Institut d'art de Casco, qui travaillent sur les communs. Les membres d'Outsiders sont : Leonardo de Siqueira, Merel Zwarts, Txell Blanco et Asia Komarova ; les membres de Casco sont Marianna Takou, Erik Uitenbogaard, Binna Choi, Luke Cohlen, Kim van der Zijde et Leana Boven. Avec des collaborations avec des agriculteurs, des artistes et des membres de la communauté.
Parfois, les savoirs peuvent être cachés ou oubliés, comme de vielles affaires dans un grenier poussiéreux. L'art peut aider à le révéler, en invitant les spectateur·rice·s à réfléchir sur ces sujets qui sont tombées dans l’oubli. Cet article décrit une approche artistique visant à (re)découvrir des connaissances et des savoir-faire oubliés, avec des suggestions pratiques et théoriques pour leurs reproduction et transmission.
C'est une ferme abandonnée qui a tout déclenché. Deux amies, toutes deux artistes de la plus grande banlieue des Pays-Bas, ont été fascinées par ce bâtiment. Que fait une vieille ferme juste à côté du centre commercial de Leidsche Rijn ? Elles décident d'enquêter et entament une conversation avec le propriétaire. "Qui êtes-vous ?" La réponse le rassure. Ça lui allait qu’elles soient artistes. Oui, lui, c'est le propriétaire, un agriculteur qui ne cultive plus ici.
Un échange s'engage, soulevant d'autres questions. Les artistes décident d'en faire un projet. L'une est architecte et l'autre artiste culinaire. Les deux femmes sont fascinées par l'histoire de la ferme et les récits de l'agriculteur. Elles décident de lui demander si elles peuvent utiliser la ferme pour un projet artistique. Finalement, il accepte, et les artistes obtiennent l’accès à ce bâtiment qui a une histoire remontant au Moyen Âge.
Après s'être installées à la ferme, les artistes commencent leur exploration et ouvrent les portes au public. Les client·e·s du centre commercial sont invité·e·s à entrer, à prendre un café ou un thé ensemble, à parler de ce lieu insolite dans leur quartier résidentiel et de la façon dont il·elle·s pourraient y être lié·e·s. Après quelques mois, il y a des ateliers et des excursions pour les enfants et les adultes, des débats et du brassage de bière. Les résidentes sont occupées à faire pousser du houblon et des légumes dans la cour, tout en construisant des places de jeu et un poulailler. En même temps, des installations artistiques sont créées et exposées.
Les communs sont des ressources culturelles et naturelles partagées par tout·e·s les membres d'une communauté : les forêts, l'eau, les pâturages, mais aussi les livres et le savoir lui-même. Ces ressources sont gérées conjointement dans les communs, où il n'y a pas de propriété privée. Les communs avaient déjà été décrits au Moyen Âge, mais ils constituent en fait la manière "normale" de vivre ensemble. Au fil des siècles, les communs ont largement disparu, généralement corrompus par l'appropriation.
La vie florissait dans la ferme abandonnée du Leidsche Rijn. Ceci jusqu'à un événement inattendu: Le fermier la vendit. Mais ce qui semblait être un obstacle s'est avéré être un atout majeur. En l'absence d'une vraie ferme comme lieu permanent, les artistes ont mis sur roues leur projet et ont créé le Travelling Farm Museum of Forgotten Skills. Une réplique miniature de la ferme a été construite sur un vieux vélo cargo, servant de nouvelle base, et toutes sortes d'ateliers et d'excursions nomades sont désormais organisés à l'aide de ce musée mobile.
En ce qui concerne l'agriculture, les activités du musée changent avec les saisons. En hiver, on réfléchit aux projets précédents et élabore de nouveaux plans. Au printemps, de nouvelles activités sont mises en place et partagées avec des publics potentiels pour travailler progressivement avec les participant·e·s jusqu'à la fin de l'été, lorsque la récolte est célébrée ensemble.
Les artistes traversent le quartier à vélo avec leur installation mobile et s'arrêtent régulièrement pour discuter avec les habitant·e·s curieux·se·s. "Que mangez-vous ce soir ?", "Savez-vous à quoi ressemblait cet endroit autrefois ?" Des questions simples pour ouvrir une conversation dans laquelle l'écoute et l'apprentissage de l'autre sont primordiaux. Le produit de ces rencontres constitue la collection du musée. Des recettes, des connaissances sur les graines et les fruits, la cultivation des légumes, les soins des animaux, des livres, des magazines et de vieilles photos retracent l'histoire de la région. Tout est rassemblé dans le vélo cargo, afin d'être partagé à nouveau lors de nouvelles rencontres.
(Audio en anglais)
Les thèmes centraux du Travelling Farm Museum of Forgotten Skills sont l'écologie et le patrimoine, mais quelque chose d'autre précède cela : la prise de conscience qu'approfondir une conversation n'est possible que si l'on peut interagir avec le public en premier lieu. Ce n'est que lorsque nous nous rencontrons physiquement que le véritable intérêt, les questions et les histoires apparaissent.
Laisser apparaitre plutôt que chercher. En général, la recherche implique une forte concentration et un objectif qui doit être atteint. Laisser apparaitre, en revanche, est un état d'alerte aux choses qui croisent accidentellement votre chemin. L'ambition des artistes consiste à (dés)apprendre ensemble les choses que l'on rencontre. Elles créent des circonstances dans lesquelles le public est invité à s'arrêter, à poser des questions, à raconter des histoires et à constater que leurs contributions est appréciée.
Dès lors que la dynamique se fait d'égal à égal, un autre principe important devient visible: chaque découverte s'accompagne de partage. Il n'y a pas de privilège en question, juste une reconnaissance mutuelle et un engagement. Á partir de cette dynamique de découverte et de partage, une structure d'échange et de transfert de connaissances fructueuse peut être construite. C'est un processus délicat. Après tout, nous sommes tout·e·s s formé·e·s s dans un système où la certitude est valorisée plus que le doute. Nous n'avons pas encore appris à laisser apparaitre au lieu de chercher.
(Audio en anglais)
Les artistes du Travelling Farm Museum of Forgotten Skills ont fait de cette prémisse leur travail. En suspendant la recherche de la certitude et en donnant de l'espace au doute et au hasard, le spontané surgit. Grâce à un mélange de langage, d'expression et d'attitude ouverte, elles trouvent des réponses et de nouvelles questions avec leur public. C'est un processus artistique qui consiste à apprendre et à désapprendre ensemble.
*Cet article a été partiellement publié (en néerlandais) dans le magazine nY #47 - 2022.
Erik Uitenbogaard
Le Travelling Farm Museum of Forgotten Skills est une collaboration entre les Outsiders et l'Institut d'art de Casco, qui travaillent sur les communs. Les membres d'Outsiders sont : Leonardo de Siqueira, Merel Zwarts, Txell Blanco et Asia Komarova ; les membres de Casco sont Marianna Takou, Erik Uitenbogaard, Binna Choi, Luke Cohlen, Kim van der Zijde et Leana Boven. Avec des collaborations avec des agriculteurs, des artistes et des membres de la communauté.
Ce projet est le fruit d'une collaboration. Nous tenons à exprimer notre gratitude à toutes celles et ceux qui ont participé à ce voyage avec nous, directement ou indirectement.
CRÉDITS
Rédactrices invitées
Thamyres Matarozzi
Alejandra Monteverde
Illustrations
Pierina Másquez
Recettes et histoires edibles
Concept, élaboration et texte:
Cozinha Ambuá
Photos and videos
Luísa Macedo
Lucí Sallum
Traduction française
Bárbara Bragato
Lazare Jefroykin
Traduction anglaise
Leonardo Nones
Le Travelling Farm Museum of Forgotten Skills
Text: Erik Uitenbogaard
Le Travelling Farm Museum of Forgotten Skills est une collaboration entre les Outsiders et Casco Art Institute: Working for the Commons. Les membres des Outsiders sont Leonardo de Siqueira, Merel Zwarts, Txell Blanco et Asia Komarova ; les membres de Casco sont Marianna Takou, Erik Uitenbogaard, Binna Choi, Luke Cohlen, Kim van der Zijde et Leana Boven. Et de nombreuses collaborations avec des agriculteurs, des artistes et des membres de la communauté.
Dialogues
Quelle est l'importance des communs lors de la création des prototypes de futurs et modes de vie alternatifs? (Binna Choi)
Comment les communs, en tant que pratique artistique, peuvent-ils fournir des outils pour repenser les modes de coexistence? (Margaretha Jüngling)
Comment la nourriture peut-elle transformer notre façon d'être avec le temps? (Coopia)
Comment pourrions-nous aborder les cycles dans notre vie quotidienne? (Cascoland)
BIOS
Thamyres Matarozzi @thamyres_vm
Thamy Matarozzi est une curatrice indépendante et une praticienne culturelle avec une formation en art, cinéma et études culturelles. Basée à Amsterdam, elle fait actuellement partie du Dutch Art Institute (2022-2024).
Thamy a cofondé le Festival Valongo et a été la directrice du projet pendant ses 5 éditions. Valongo a recherché et présenté les différents récits qui constituent la culture visuelle, consolidant son rôle de plateforme expérimentale de premier plan au sein de la scène artistique contemporaine brésilienne.
Alejandra Monteverde @algo___especial
Alejandra Monteverde (Lima, 1988) est galeriste et curatrice et travaille entre Lima et Zurich. Diplômée de l'Universidad del Pacífico avec Bachelor en Management, elle a suivi des cours spécialisés sur le marché de l'art chez Sotheby's Institute of Art à Londres, IESA Arts & Culture à Paris et Christie's Education Online. Elle étudie actuellement un Master en conservation à la Zürcher Hochschule der Künste.
Elle a occupé le poste de directrice adjointe au MALI (Musée d'art de Lima) et a également travaillé dans d'autres institutions artistiques à Lima. En 2017, elle a fondé Crisis, une galerie d'art contemporain représentant une sélection d'artistes péruviens et latino-américains. La galerie a participé à différentes foires d'art en Amérique latine et en Europe telles que LISTE Art Fair Basel, Material, CDMX, ArteBa, Buenos Aires, Paris Internationale, ARCO Madrid, Art Düsseldorf, Artissima, et Turin.
Cozinha Ambuá @cozinha.ambua
Maria Ambuá (Cozinha Ambuá) a un parcours qui a croisé la cuisine, l'intervention performative, la littérature, la poésie et la politique. La force de son travail réside dans la recréation des affections par l'expérimentation de la réception et du partage de la dynamique de perception.
The Travelling Farm Museum of Forgotten Skills @travellingfarmmuseum
En 2018, le collectif d'artistes The Outsiders, basé à Utrecht, et Casco Art Institute : Working for the Commons ont uni leurs forces avec des voisin·e·s, des artistes et des communautés pour habiter et animer l'un des rares vestiges : la ferme Terwijde. De l'ensemencement à la récolte, plusieurs activités se sont déroulées encourageant une réflexion sur le passé et l'avenir agraire d'Utrecht, le tout à travers le prisme de l'alimentation, de l'écologie et du patrimoine. En collaborant au projet Erfgoed (Agricultural Heritage and Land Use) et en occupant la ferme, nous avons manifesté nos premières intentions d'ouvrir les pratiques artistiques au monde rural mais aussi à un autre type de public décentralisé.
Depuis 2019, lorsque la ferme a été vendue, le Travelling Farm Museum of Forgotten Skills aoccupé la ferme et est devenu un module mobile. La ferme se déplace dans le quartier et écoute les histoires des agriculteurs : des histoires d'expulsion, de survie et de résilience. Nous sommes un groupe de professionnels composé par les Outsiders : Asia Komarova, Txell Blanco, Leonardo Siqueira et Merel Zwarts et Casco Art Institute, Working for the Commons avec Binna Choi, Marianna Takou et Eric Uitenbogaard ; ensemble, nous avons formé le Travelling Farm Museum of Forgotten Skills.
Pierina Másquez @pierinamasquez
Pierina Másquez est une artiste visuelle, diplômée dans la peinture de la Faculté d'art de la Pontificia Universidad Católica del Perú. Elle s'intéresse à la recherche artistique contemporaine et au développement de projets curatoriaux collectifs.
Il existe une infinité de possibilités pour aborder un espace, un objet et le temps. Dans son travail, ces possibilités se manifestent par son intérêt pour la mémoire affective et spatiale générée par une série d'objets personnels, de matérialités et d'événements locaux. Nos origines, nos voyages, nos ancêtres féminins et les chemins que nous avons parcourus sont la base pour comprendre où nous nous asseyons pour rêver et nous permettent de nous demander quelles couleurs ont ces rêves, qui parle, qui se tait, et qui rit ou pleure dans ces rêves.
Cascoland @cascoland_
Cascoland est un réseau international de designers, d'artistes visuel·le·s, de performeur·euse·s et d'universitaires basé à Amsterdam. Les projets de Cascoland sont initiés par Fiona de Bell et Roel Schoenmakers et sont réalisés avec des équipes de créatif·ve·s pluridisciplinaires. Le réseau vise à développer une société écologique et socialement durable, au niveau local et mondial. Depuis 2004, Cascoland a travaillé sur des projets aux Pays-Bas, en Afrique du Sud, au Brésil, au Pérou, au Mexique, en Russie, au Kirghizistan, en Palestine, en Égypte, au Japon et dans plusieurs pays d'Europe.
Binna Choi @whereiscasco
Binna Choi est la directrice de Casco Art Institute : Working for the Commons (depuis 2018), autrefois Casco - Office for Art, Design and Theory à Utrecht, aux Pays-Bas, alias Casco. Elle est aussi la codirectrice artistique de la Biennale de Singapour 2022 nommée Natasha. Elle a conçu et codéveloppé avec l'équipe de Casco et de nombreuses autres personnes le projet de recherche artistique à long terme Grand Domestic Revolution (2009/2010-2013) et Composing the Commons, un programme de recherche artistique et interdisciplinaire de trois ans (2013-2015/16). Elle a fait partie de la faculté du Dutch Art Institute /Masters of Fine Arts Programme à Arnhem, et travaille pour et avec un réseau trans-local Arts Collaboratory depuis 2013 et les cofondateur·rice·s des réseaux européens d'organisations artistiques Cluster. Ses autres projets curatoriaux comprennent le programme de séminaires de trois jours intitulé program Cultivate or Revolutionize: Life Between Apartment and Farmland au Times Museum, Guangzhou (2014, avec Nikita Choi) et l'école d'été et l'exposition Group Affinity au Kunstverein Munich (2011, avec Bart van der Heide). Elle a été commissaire de la 11e Biennale de Gwangju (2016), ce qui l'a amenée à être commissaire de Gwangju Lessons (2020) à l'Asia Culture Center et à l'Akademie der Kunst der Welt, en étroite collaboration avec Christian Nyampeta.
Margaretha Jüngling @mar_________jue__
Actuellement, Margaretha Jüngling (*1988, Thusis) respire, pense, cuisine, écrit, marche, étudie, dort, mange (et ainsi de suite) à Zurich. Elle termine un master en transdisciplinarité à la ZHdK, où elle essaie de réinterroger et d'explorer ses expériences accumulées en tant que cuisinière sous différents angles. Ce faisant, elle examine les ingrédients dans leurs compositions chimiques, retrace leurs données biologiques, s’interroge sur leurs symbolismes et suit leurs histoires culturelles. Le processus de la cuisine forme le site dans lequel elle peut créer avec ce qui se trouve dans d'autres histoires en combinant, cuisant et consommant les ingrédients de différentes manières. On peut les trouver sous forme de dîners spéculatifs, d'expériences alimentaires collectives, des fantaisies comestibles et de nombreux sacs de connaissances (à donner).
Ce projet est le fruit d'une collaboration. Nous tenons à exprimer notre gratitude à toutes celles et ceux qui ont participé à ce voyage avec nous, directement ou indirectement.
CRÉDITS
Rédactrices invitées
Thamyres Matarozzi
Alejandra Monteverde
Illustrations
Pierina Másquez
Recettes et histoires edibles
Concept, élaboration et texte:
Cozinha Ambuá
Photos and videos
Luísa Macedo
Lucí Sallum
Traduction française
Bárbara Bragato
Lazare Jefroykin
Traduction anglaise
Leonardo Nones
Le Travelling Farm Museum of Forgotten Skills
Text: Erik Uitenbogaard
Le Travelling Farm Museum of Forgotten Skills est une collaboration entre les Outsiders et Casco Art Institute: Working for the Commons. Les membres des Outsiders sont Leonardo de Siqueira, Merel Zwarts, Txell Blanco et Asia Komarova ; les membres de Casco sont Marianna Takou, Erik Uitenbogaard, Binna Choi, Luke Cohlen, Kim van der Zijde et Leana Boven. Et de nombreuses collaborations avec des agriculteurs, des artistes et des membres de la communauté.
Dialogues
Quelle est l'importance des communs lors de la création des prototypes de futurs et modes de vie alternatifs? (Binna Choi)
Comment les communs, en tant que pratique artistique, peuvent-ils fournir des outils pour repenser les modes de coexistence? (Margaretha Jüngling)
Comment la nourriture peut-elle transformer notre façon d'être avec le temps? (Coopia)
Comment pourrions-nous aborder les cycles dans notre vie quotidienne? (Cascoland)
BIOS
Thamyres Matarozzi @thamyres_vm
Thamy Matarozzi est une curatrice indépendante et une praticienne culturelle avec une formation en art, cinéma et études culturelles. Basée à Amsterdam, elle fait actuellement partie du Dutch Art Institute (2022-2024).
Thamy a cofondé le Festival Valongo et a été la directrice du projet pendant ses 5 éditions. Valongo a recherché et présenté les différents récits qui constituent la culture visuelle, consolidant son rôle de plateforme expérimentale de premier plan au sein de la scène artistique contemporaine brésilienne.
Alejandra Monteverde @algo___especial
Alejandra Monteverde (Lima, 1988) est galeriste et curatrice et travaille entre Lima et Zurich. Diplômée de l'Universidad del Pacífico avec Bachelor en Management, elle a suivi des cours spécialisés sur le marché de l'art chez Sotheby's Institute of Art à Londres, IESA Arts & Culture à Paris et Christie's Education Online. Elle étudie actuellement un Master en conservation à la Zürcher Hochschule der Künste.
Elle a occupé le poste de directrice adjointe au MALI (Musée d'art de Lima) et a également travaillé dans d'autres institutions artistiques à Lima. En 2017, elle a fondé Crisis, une galerie d'art contemporain représentant une sélection d'artistes péruviens et latino-américains. La galerie a participé à différentes foires d'art en Amérique latine et en Europe telles que LISTE Art Fair Basel, Material, CDMX, ArteBa, Buenos Aires, Paris Internationale, ARCO Madrid, Art Düsseldorf, Artissima, et Turin.
Cozinha Ambuá @cozinha.ambua
Maria Ambuá (Cozinha Ambuá) a un parcours qui a croisé la cuisine, l'intervention performative, la littérature, la poésie et la politique. La force de son travail réside dans la recréation des affections par l'expérimentation de la réception et du partage de la dynamique de perception.
The Travelling Farm Museum of Forgotten Skills @travellingfarmmuseum
En 2018, le collectif d'artistes The Outsiders, basé à Utrecht, et Casco Art Institute : Working for the Commons ont uni leurs forces avec des voisin·e·s, des artistes et des communautés pour habiter et animer l'un des rares vestiges : la ferme Terwijde. De l'ensemencement à la récolte, plusieurs activités se sont déroulées encourageant une réflexion sur le passé et l'avenir agraire d'Utrecht, le tout à travers le prisme de l'alimentation, de l'écologie et du patrimoine. En collaborant au projet Erfgoed (Agricultural Heritage and Land Use) et en occupant la ferme, nous avons manifesté nos premières intentions d'ouvrir les pratiques artistiques au monde rural mais aussi à un autre type de public décentralisé.
Depuis 2019, lorsque la ferme a été vendue, le Travelling Farm Museum of Forgotten Skills aoccupé la ferme et est devenu un module mobile. La ferme se déplace dans le quartier et écoute les histoires des agriculteurs : des histoires d'expulsion, de survie et de résilience. Nous sommes un groupe de professionnels composé par les Outsiders : Asia Komarova, Txell Blanco, Leonardo Siqueira et Merel Zwarts et Casco Art Institute, Working for the Commons avec Binna Choi, Marianna Takou et Eric Uitenbogaard ; ensemble, nous avons formé le Travelling Farm Museum of Forgotten Skills.
Pierina Másquez @pierinamasquez
Pierina Másquez est une artiste visuelle, diplômée dans la peinture de la Faculté d'art de la Pontificia Universidad Católica del Perú. Elle s'intéresse à la recherche artistique contemporaine et au développement de projets curatoriaux collectifs.
Il existe une infinité de possibilités pour aborder un espace, un objet et le temps. Dans son travail, ces possibilités se manifestent par son intérêt pour la mémoire affective et spatiale générée par une série d'objets personnels, de matérialités et d'événements locaux. Nos origines, nos voyages, nos ancêtres féminins et les chemins que nous avons parcourus sont la base pour comprendre où nous nous asseyons pour rêver et nous permettent de nous demander quelles couleurs ont ces rêves, qui parle, qui se tait, et qui rit ou pleure dans ces rêves.
Cascoland @cascoland_
Cascoland est un réseau international de designers, d'artistes visuel·le·s, de performeur·euse·s et d'universitaires basé à Amsterdam. Les projets de Cascoland sont initiés par Fiona de Bell et Roel Schoenmakers et sont réalisés avec des équipes de créatif·ve·s pluridisciplinaires. Le réseau vise à développer une société écologique et socialement durable, au niveau local et mondial. Depuis 2004, Cascoland a travaillé sur des projets aux Pays-Bas, en Afrique du Sud, au Brésil, au Pérou, au Mexique, en Russie, au Kirghizistan, en Palestine, en Égypte, au Japon et dans plusieurs pays d'Europe.
Binna Choi @whereiscasco
Binna Choi est la directrice de Casco Art Institute : Working for the Commons (depuis 2018), autrefois Casco - Office for Art, Design and Theory à Utrecht, aux Pays-Bas, alias Casco. Elle est aussi la codirectrice artistique de la Biennale de Singapour 2022 nommée Natasha. Elle a conçu et codéveloppé avec l'équipe de Casco et de nombreuses autres personnes le projet de recherche artistique à long terme Grand Domestic Revolution (2009/2010-2013) et Composing the Commons, un programme de recherche artistique et interdisciplinaire de trois ans (2013-2015/16). Elle a fait partie de la faculté du Dutch Art Institute /Masters of Fine Arts Programme à Arnhem, et travaille pour et avec un réseau trans-local Arts Collaboratory depuis 2013 et les cofondateur·rice·s des réseaux européens d'organisations artistiques Cluster. Ses autres projets curatoriaux comprennent le programme de séminaires de trois jours intitulé program Cultivate or Revolutionize: Life Between Apartment and Farmland au Times Museum, Guangzhou (2014, avec Nikita Choi) et l'école d'été et l'exposition Group Affinity au Kunstverein Munich (2011, avec Bart van der Heide). Elle a été commissaire de la 11e Biennale de Gwangju (2016), ce qui l'a amenée à être commissaire de Gwangju Lessons (2020) à l'Asia Culture Center et à l'Akademie der Kunst der Welt, en étroite collaboration avec Christian Nyampeta.
Margaretha Jüngling @mar_________jue__
Actuellement, Margaretha Jüngling (*1988, Thusis) respire, pense, cuisine, écrit, marche, étudie, dort, mange (et ainsi de suite) à Zurich. Elle termine un master en transdisciplinarité à la ZHdK, où elle essaie de réinterroger et d'explorer ses expériences accumulées en tant que cuisinière sous différents angles. Ce faisant, elle examine les ingrédients dans leurs compositions chimiques, retrace leurs données biologiques, s’interroge sur leurs symbolismes et suit leurs histoires culturelles. Le processus de la cuisine forme le site dans lequel elle peut créer avec ce qui se trouve dans d'autres histoires en combinant, cuisant et consommant les ingrédients de différentes manières. On peut les trouver sous forme de dîners spéculatifs, d'expériences alimentaires collectives, des fantaisies comestibles et de nombreux sacs de connaissances (à donner).